Du matériel d’anesthésie du tout début XIXe donné par un médecin libéral de Vannes, deux « poumons d’acier » du milieu du XXe pour aider les personnes ayant une paralysie des muscles respiratoires à respirer, ou un exemplaire de l’appareil révolutionnaire inventé par Henry et Jouvelet en 1934 et qui permettait d’effectuer des transfusions sanguines directement du donneur au receveur…
Les 500 m2 où s’est s’installé le Conservatoire du patrimoine hospitalier de Rennes (CPHR) sont remplis de ces vestiges, plus ou moins anciens, de pratiques médicales et hospitalières généralement révolues. Des objets divers que Annick Le Mescam, ancienne directrice des soins du CHU de Rennes, et la joyeuse bande de jeunes retraités qu’elle a réussi à fédérer autour d’elle, se sont mis en tête de collecter et, surtout, de valoriser. Pour Annick Le Mescam, devenue la présidente de l’association créée pour l’occasion, « il ne s’agit pas juste de collecter pour accumuler des affaires poussiéreuses sur des étagères, mais bien de valoriser ce qui peut l’être ». « C’est une manière de laisser trace des savoir-faire et de leur évolution », a-t-elle ajouté.
Pour illustrer le propos de sa collègue bénévole, Daniel Coïc, un ancien infirmier anesthésiste, montre fièrement une collection de 63 pacemakers. « On peut voir ainsi l’évolution des techniques sur une trentaine d’années avec des pièces de plus en plus légères, passant de 200 à 20 grammes, cette dernière étant beaucoup plus performante que les plus lourdes », a-t-il expliqué.
Un centre de ressources
Le CPHR veut être davantage un centre de ressources qu’un musée. Peu de structures de ce type existent ailleurs en France. L’association rennaise a dans l’idée de mettre en place un troc entre les différents conservatoires et musées pour faire profiter à un maximum de personnes de la valeur de ce collectage. Mais avant cela, il faut effectuer un travail fastidieux, mais passionnant, de recherche, de collecte, de restauration parfois, puis de préservation. Depuis novembre dernier, pas moins de ont déjà rejoint le conservatoire. Des particuliers adressent à l’équipe du matériel gardé dans un coin de leur cabinet. Un prothésiste dentaire a ainsi remis trois coffres pleins de matériel. Mais, le gros des pièces provient du CHU lui-même et de la faculté de médecine de Rennes. Comme ce générateur de rayons X de 1920 dont André Le Treut, ancien professeur des universités et praticien hospitalier en biochimie et biologie moléculaire, n’est pas peu fier.
Porteur de sens
L’association est encore récente mais les projets sont déjà nombreux. Les facultés de médecine et d’odontologie sont intéressées pour exploiter le matériel collecté dans un but pédagogique auprès de leurs étudiants. L’école d’Ibode pourrait venir effectuer des travaux pratiques sur place. Une mutuelle du personnel hospitalier souhaiterait, elle, mettre en avant un ancien cabinet dentaire complet pour sensibiliser le jeune public à la prévention… Un bon moyen pour l’équipe du conservatoire de valoriser le travail conséquent réalisé en amont et de construire une mémoire professionnelle. « C’est important aussi pour nous et l’ensemble des professionnels de santé car on voyait partir du matériel qui était porteur de sens pour nous. Mais, faute de place, de temps et de budget, rien n’était fait. »
CPHR : www.cphr.fr (plus de 200 fiches descriptives déjà en ligne).
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque