Depuis lundi, le gouvernement turc applique l'accord qu'il a conclu avec l'Union européenne, conformément à la volonté de la chancelière Angela Merkel. Cet accord fait d'abord de la Turquie un « pays sûr », c'est-à-dire un pays où les droits de l'homme sont respectés, ce qui n'est nullement prouvé, bien au contraire. Ensuite, en vertu de cet accord, les migrants qui se trouvent en Grèce doivent quitter ce pays et se rendre en Turquie, disposition indispensable pour soulager les Grecs, financièrement incapables de s'occuper de cette population supplémentaire, mais qui n'offre aux migrants aucune certitude quant à l'accueil que les Turcs leur réserveront, d'autant que leur pays abrite déjà deux millions et demi de réfugiés. Certes, c'est l'Europe qui finance le dispositif : six milliards d'euros, mais le gouvernement d'Ankara dépensera cet argent à sa guise.
Plusieurs organisations humanitaires, dont Amnesty International, ont dénoncé cet arrangement appelé « un pour un », parce que, pour chaque Syrien que la Turquie aura accueilli, l'Europe, principalement l'Allemagne, recevra sur son territoire un réfugié syrien déjà installé en Turquie et bénéficiant du droit d'asile. Il y a, dans cet arrangement un aspect mercantile et arbitraire, dicté par les circonstances et par la panique des Européens, qui déplaît souverainement à ceux qui, dans un premier temps, avaient applaudi à la décision de Mme Merkel de recevoir en Allemagne tous les réfugiés. Très vite, les services allemands ont été submergés et, si on constate aujourd'hui un répit relatif dans l'arrivée des migrants, c'est pour des raisons tout à fait négatives.
La tolérance a ses limites
Le phénomène qui a tari le flux, c'est la fermeture des frontières. Elle a coupé pratiquement toutes les routes continentales qui conduisent du sud au nord de l'Europe. En outre, à l'hospitalité allemande ont succédé des phénomènes de rejet, une victoire politique de l'extrême droite en Allemagne, une publicité faite aux difficultés croissantes de la traversée de l'Europe qui n'ont pas manqué de parvenir aux oreilles des candidats à l'émigration. Bref, ce qui a marché dans ce début fragile de stabilisation des flux, c'est un ensemble de mesures coercitives qui ont empêché la libre circulation dans l'espace européen et l'idée que les Allemands eux-mêmes n'étaient peut-être pas le peuple accueillant que Mme Merkel imagine.
Il n'empêche que le contrôle de l'immigration par les Européens a fait des progrès sensibles, grâce à l'action des flottes en Méditerranée qui sauvent souvent les migrants de la noyade et grâce au message selon lequel la tolérance des Européens à une migration aussi massive a ses limites. En même temps, un cessez-le-feu a été conclu en Syrie et il semble tenir, malgré quelques violations sporadiques. Le régime de Bachar Al-Assad, soutenu par la Russie, vient de remporter une victoire militaire en s'emparant de Palmyre et s'apprête à reprendre Rakka. Une sorte de paix du tyran semble prendre forme et, si elle récompense l'un des dictateurs les plus sanguinaires de l'Histoire, elle incite probablement les Syriens à rester chez eux. Ce sont en effet les bombardements massifs et aveugles de l'armée loyaliste et de la Russie qui ont incité les Syriens à quitter leur pays. Ils n'en sont plus à choisir un camp. Ils veulent pouvoir reprendre une activité et le cessez-le-feu leur en offre l'espoir.
Les prévisions relatives à une recrudescence de l'immigration en Europe à partir du printemps sont pessimistes. Mais un certain nombre de facteurs vont plutôt dans le sens d'un ralentissement des flux migratoires. Si cette évolution se confirme, elle signifiera qu'un phénomène douloureux provoqué par la pire des répressions ne trouve sa solution que par des dispositions injustes.
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