L’ÉTAT DE GRÂCE n’aura donc pas duré cent jours, mais la moitié. Il ne faut pas s’en étonner. Ce sont la gravité de la crise économique et les tensions à l’étranger qui l’ont porté au pouvoir et ils ne sont pas moins graves parce qu’il a été élu. Il faut toutefois relativiser le désenchantement. La cote de popularité du président est encore élevée (environ 58 % d’opinions favorables) et M. Obama continue d’être approuvé par nombre de ceux qui n’ont pas voté pour lui le 4 novembre dernier. En outre, le chef de l’exécutif n’est pas resté inactif. Le nombre et l’importance des réformes qu’il a lancées, souvent par simple décret, comme l’abolition de la « Gag Rule » (ou interdiction pour tout médecin de proposer une IVG à une femme), ou la recherche, de nouveau autorisée, sur les cellules souches embryonnaires, ne sont nullement négligeables.
Le sursaut républicain.
La difficulté à relancer la machine productive américaine et le manque de confiance des agents économiques entravent le retour à la confiance. Le plan de relance n’a pas convaincu, sans doute parce que M. Obama n’a pas voulu nationaliser les banques et placer les « avoirs toxiques » dans un fonds séparé qui aurait été géré par le gouvernement fédéral. Classiquement, le président américain rencontre les obstacles qui freinent l’action des centristes. Désireux d’échapper à l’étiquette de « socialiste » que les républicains, avec leur irresponsabilité habituelle, veulent absolument lui coller sur le dos, M. Obama n’a pas vraiment le courage d’adopter des mesures radicales.
Vieux cheval de retour de l’idéologie républicaine et de la « révolution conservatrice », Newt Gingrich, ancien président de la Chambre des représentants, a présenté un plan alternatif de relance fondé sur une réduction des impôts qui, au moins sur le papier, semble séduisant. Les républicains n’ont pas du tout renoncé à se battre et préparent déjà les midterm elections, celles qui renouvelleront la Chambre et un tiers du Sénat en novembre 2010.
Comme Nicolas Sarkozy, Obama pratique à la fois la rupture et l’ouverture. Il a tendu la main à l’opposition, mais aucun élu républicain n’a voté son plan. Tous, au contraire, et non sans un certain culot, ont reproché à M. Obama de conduire une politique de déficits publics, alors que George W. Bush en était l’un adepte incorrigible. Il s’ensuit que, si l’opposition ne cède pas aux sirènes d’un président hors normes, l’opinion américaine campe résolument du côté de M. Obama. La seule question porte sur la durée de cette adhésion populaire et sur la capacité de M. Obama à remporter quelques succès susceptibles de rassurer l’Amérique. Quelques signes d’un printemps économique viennent d’apparaître, comme les bénéfices constatés par Citigroup et Bank of America pour les deux premiers mois de l’année et la reprise de la construction en février. Ces signes avant-coureurs ont d’ailleurs permis aux bourses de lever la tête depuis quelques jours. Mais personne ne peut dire s’il s’agit des prémices d’une reprise ou un feu de paille.
Il est donc indispensable que M. Obama impose à tous, et surtout aux banques, la discipline exigée par l’opinion. L’administration n’avait pas plus tôt accordé à l’assureur AIG une rallonge portant à 170 milliards de dollars le total des subventions fédérales à cette société que ses dirigeants se distribuaient 450 millions de primes. « La colère m’étrangle », a déclaré Obama et un sénateur républicain, Charles Grassley, a conseillé aux cadres d’AIG « de se suicider ». Bonne réaction, mais, à ce jour, le gouvernement fédéral ne sait pas s’il a les moyens légaux d’empêcher le versement des primes.
Taliban bons et mauvais.
Le nouveau président n’a pas encore arrêté sa politique pour l’Afghanistan. Il a certes décidé d’y envoyer 17 000 hommes de troupe supplémentaires, mais, dès la première réunion qu’il a consacrée en janvier à ce dossier, il a été stupéfait par le pessimisme de ses conseillers. Depuis deux mois, on ne cesse, à Washington, de soulever l’hypothèse d’une négociation avec les taliban. On veut distinguer entre les « bons » et les « mauvais » taliban, subtilité qui le ne laisse rien présager de bon : on dirait qu’on renonce à les combattre qu’on ne ferait pas mieux.
Au Proche-Orient, bien que le soutien à la paix et à la création d’un État palestinien ait été réaffirmé avec vigueur par Hillary Clinton, il n’y a pas eu d’accord entre Israël et le Hamas pour la libération du soldat Gilad Shalit et en attendant cet accord improbable, rien ne bougera au sujet de Gaza ; Benjamin Netanyahou s’apprête à former un gouvernement qui refuse la création de l’État palestinien. Certes, la Syrie s’est déclarée prête à jouer un rôle de médiation entre l’Amérique et l’Iran, ce qui pourrait réduire la tension israélo-palestinienne, mais le fait est que les positions israéliennes se sont encore durcies. Ce qui va peut-être obliger M. Obama à prendre ses distances avec le nouveau gouvernement israélien, ou même à le désavouer. Ce serait sans précédent dans l’histoire des relations entre les États-Unis et Israël.
Enfin, M. Obama demande à l’Union européenne d’adopter un plan concerté de relance économique, ce qu’elle n’a pas fait à ce jour. La prochaine réunion du G20, sa visite en Europe le mois prochain, le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN sont autant d’éléments propres à former sa stature internationale.
BEAUCOUP DE CONSEILLERS D’OBAMA PENSENT QUE LA GUERRE EN AFGHANISTAN EST PERDUE
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