ON A DISCUTÉ dimanche et lundi derniers du nombre des participants aux meetings, comme si une foule de militants décidait du scrutin. Comme si l’essentiel consistait à ne jamais céder d’un pouce sur quoi que soit, y compris le frivole et l’éphémère. Sans tenter de nous distinguer des autres commentateurs, nous avons insisté, tout au long de la campagne, sur les enjeux qui nous semblaient primordiaux, par exemple les déficits, la dette, et les garrots qu’il fallait mettre en place pour arrêter l’hémorragie. Mais, au fond, le plus important, c’est tout simplement le malentendu culturel qui empêche la France de s’adapter à la réalité d’aujourd’hui. Nous avons oublié de quoi nous sommes capables.
NOUS VOULONS DE L’ESPOIR, MAIS SANS EN PAYER LE PRIX
Nous nous morfondons dans un terrible constat : nous ne croyons plus à une croissance régulière qui assurerait à nos enfants ou nos petits enfants un niveau de vie meilleur que le nôtre. Nous sommes cloués au pilori du chômage, de la croissance négative, de la précarité, d’un pouvoir d’achat qui, sans avoir baissé jusqu’à présent, subit le double coup d’une pression fiscale presque intolérable et d’un avenir indéchiffrable. Une première analyse, à la portée de tous, n’est toujours pas faite : un pays, comme un ménage, ne peut dépenser que ce qu’il gagne. Ce qui exclut la deuxième analyse : ce n’est qu’en équilibrant les budgets sociaux que nous maintiendrons la protection sociale. Un exemple : travailler plus longtemps n’induit aucune diminution du niveau de vie. En termes de prospérité personnelle ou familiale, c’est la meilleure chose à faire pour résister à la crise.
Dans ces conditions, attendre de l’État qu’il continue à assurer notre bonheur matériel dans tous les domaines, en nous payant longtemps pour ne rien faire si nous sommes au chômage, en finançant des retraites dont le montant est emprunté sur les marchés, en payant nos factures médicales par les mêmes emprunts, est tout bonnement suicidaire. Bien sûr, en soumettant nos dépenses publiques à une sévère vigilance, nous risquons fort d’aggraver les inégalités. L’expérience montre d’ailleurs que nous avons commencé à les aggraver, ce qui expliquera la victoire probable du camp de la gauche. Mais un président socialiste n’aura pas d’autre choix, s’il est réaliste, s’il veut démonter l’accusation de « déni de la réalité » que les étrangers portent contre la France, que de diminuer la dépense.
Et s’il ne s’engage pas dans cette voie, il se sera contenté de confirmer que la société française est incapable de se réformer. On comprend mal que la France qui, au siècle dernier, a subi tant d’incroyables souffrances, ne soit pas en mesure, aujourd’hui, de s’imposer une cure d’austérité qui représente la seule méthode de redressement. Le modèle français actuel reste celui du tout-État. Il est mort. Il nous en faut un autre. Les plus admirables sociales-démocraties du monde, de la Suède au Canada en passant par le Danemark l’ont compris, ont adopté la réforme depuis quinze ans, se sont mises en situation de réforme permanente, pendant qu’une majorité de Français espère du rendez-vous politique de cette année un retour aux petits bonheurs du passé, qui, pendant trente ans, n’ont cessé de bercer notre irresponsabilité.
Accepter la réforme, c’est certes souffrir, mais provisoirement. Changer de modèle, c’est subir, mais seulement pendant la phase de transition ; et c’est surtout nous préparer un meilleur avenir, créer l’espoir au moyen de notre seule détermination. Le paradoxe est cruel : nous exigeons un plan pour les décennies qui viennent, mais nous ne voulons pas en payer le prix.
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