La réhabilitation cardiaque après une hospitalisation pour un infarctus du myocarde ne progresse pas suffisamment vite en France, selon une étude publiée dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire ». Les auteurs y décrivent les taux de recours nationaux et régionaux aux soins de suite et de réadaptation, et particulièrement en réadaptation cardiaque, après une hospitalisation pour infarctus du myocarde en France en 2014.
Sur les 29 424 patients hospitalisés suite à un infarctus du myocarde au premier semestre 2014, 36,9 % ont été admis en soins de suite et de réadaptation, et 28,5 % ont été admis en réadaptation cardiaque. Ce taux était sensiblement plus élevé chez les hommes que chez les femmes : 29,6 % contre 24,9 %. Depuis 2010, le recours à la réhabilitation a augmenté de 5 % par an chez les hommes, et de 6,6 % chez les femmes. Parallèlement, la prise en charge pour réhabilitation cardiaque se fait de plus en plus en ambulatoire : 2014 fut la première année où plus de 50 % des patients étaient suivis en ambulatoire pour une réhabilitation cardiaque.
« L'admission en réhabilitation cardiaque reste faible, surtout chez les personnes âgées, constatent les auteurs. L'étude des disparités régionales met en avant des inégalités territoriales importantes qu'il paraît nécessaire de combler pour assurer une prise en charge équitable sur l'ensemble du territoire. » Si plus de 45 % des hommes et 40 % des femmes bénéficiaient d'une réhabilitation cardiaque dans la région Centre-Val-de-Loire, ce n'était le cas que de 20,8 % des hommes et 13,9 % des femmes dans les Hauts-de-France. Les départements d'outre-mer présentent également des taux de recours à la réhabilitation parmi les plus faibles : en Guadeloupe, Martinique et à la Réunion, les taux sont de respectivement 11, 15,8 et 20 % chez les hommes et de 4,7, 3,7 et 5,8 % chez les femmes. La situation des DOM est d'autant plus préoccupante qu'il s'agit des seuls départements français où le recours à la réhabilitation cardiaque a stagné, voire diminué depuis 2010.
La différence entre hommes et femmes peut s'expliquer par plusieurs facteurs sociaux et sociétaux : le manque d'information, une interprétation différente de l'utilité de la réhabilitation cardiaque entre les hommes et les femmes, le manque d'encouragement et de soutien familial…
Une baisse d'un quart de la mortalité à un an
La réhabilitation cardiaque a démontré son efficacité dans l'amélioration du pronostic suite à une hospitalisation pour infarctus du myocarde. Dans une méta-analyse publiée dans le « Journal of the american college of cardiology », une équipe américano-britannique avait montré que le recours à ce type de soins de suite est associé à une baisse de 26 % du risque de mortalité à un an.
En 2008, des structures spécialisées associant les soins de suite et la réadaptation ont été créées via deux décrets. La réhabilitation doit normalement être prescrite à l'ensemble des patients, selon les recommandations des sociétés savantes françaises et européennes. Pour l'instant, ce n'est le cas que de 40 % des patients européens, selon l'étude EUROASPIRE, et d'un peu plus de la moitié des Américains du Nord. Malgré le rattrapage de ces dernières années, la France reste donc en retard par rapport au reste des pays européens.
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