M. SARKOZY et son avocat ont été écoutés pendant plus d’un an (et le sont peut-être encore) dans le cadre d’une affaire dont les tenants et aboutissants sont plus que rocambolesques : l’ancien président aurait bénéficié d’un soutien financier de Mouammar Kadhafi de l’ordre de 50 millions de dollars, pour la campagne électorale de 2007. Un document a été produit dans le cadre des investigations, c’était un faux. Des témoignages ont été proposés, ils ne sont pas sérieux ou, de toute évidence, destinés à nuire. De cette somme énorme, nulle trace n’existe. L’année dernière, l’UMP était en faillite et n’a trouvé son salut qu’en faisant appel à la générosité de ses militants. C’est en poursuivant leurs investigations dans ce dossier que les juges ont décidé d’écouter les conversations de Nicolas Sarkozy, notamment avec son avocat, Me Thierry Herzog. Ils croient y avoir trouvé ce que les Américains appellent un « smoking gun », c’est-à-dire la preuve d’un trafic d’influence. Dans les conversations Sarkozy-Herzog, le nom d’un juge haut placé, Gilbert Azibert, a été mentionné. En échange d’une nomination à Monaco, il aurait accepté d’informer l’ancien président du parcours de l’affaire dans le circuit judiciaire.
Deux secrets violés.
Les avocats se sont insurgés contre une méthode d’investigation qui fait bon marché du secret professionnel. La ministre de la Justice, Christiane Taubira, rétorque que nul, même pas un avocat, n’est au-dessus des lois. Tout observateur impartial qui s’efforce de s’arracher au contexte ultra-politique de l’affaire dira que, si la loi viole la confidentialité des échanges entre l’avocat et son client, il faut amender la loi. D’autant qu’à la violation du secret professionnel s’ajoute celle du secret de l’instruction. Si on prend l’exemple de l’affaire Bettencourt, tout était dans les journaux, les médias et Internet, de sorte que la réputation de M. Sarkozy, accusé d’abus de faiblesse, a été ruinée avant même que le non-lieu fût prononcé. Le secret de l’instruction est si peu respecté que l’on pense à s’en dispenser. La question ne concerne pas les journalistes dont le rôle d’informer ou, si l’on préfère, d’approcher de la vérité. La question concerne les personnes, juges, procureurs ou avocats qui divulguent des informations mais dans la seule mesure où elles font progresser leurs propres intérêts.
Lundi soir, sur Canal +, l’avocat Éric Dupond-Moretti, qui se dit de gauche, faisait remarquer que, dans l’affaire Bettencourt, les juges ont accepté un élément de preuve, l’enregistrement pirate des conversations de Liliane Bettencourt avec son entourage, réalisé par le majordome de la milliardaire, sans se préoccuper du caractère délicteux de l’opération. L’enregistrement aurait dû être plus grave, aux yeux de la justice, que le contenu de l’enregistrement. Avec l’écoute des conversations avocat-patient, les juges ne sont pas loin de commettre eux-mêmes le délit. « Summum jus, summa injuria », disait Cicéron et à juste titre : quand on puise dans l’arsenal du droit ses armes les plus délétères, on ne rend pas une bonne justice. De sorte que les éléments cumulés de l’affaire, violation de deux secrets, acharnement anormal des juges contre M. Sarkozy, réactions intempestives de la gauche, qui s’est empressée de claironner le « scandale d’État » sans poser les questions contenues dans cet article, entraînent l’inévitable politisation du dossier et jettent un doute sur le fonctionnement de la justice en France, dans un contexte où toutes les professions sont critiquées.
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