Avec le référendum sur la Constitution le 4 décembre prochain, Matteo Renzi joue son avenir politique, ce vote étant devenu un plébiscite pour ou contre le président du Conseil et sa politique.
Cette consultation prévoit la transformation du Sénat en une chambre des régions avec la réduction de ses représentants (de 315 à 95), l'abolition des régions pour réduire les coûts administratifs et simplifier le système. Elle propose aussi, de redonner à l'État le contrôle sur l'immigration, la culture et la santé, des compétences attribuées aux régions en 2001 à l'occasion d'un autre référendum.
Pour la ministre de la Santé Beatrice Lorenzin, ce référendum « clarifiera le contexte et rendra le système de santé plus efficace ». Pour les praticiens partisans du non, le vote populaire est susceptible d'affaiblir, au contraire, un système déjà fragilisé par les multiples coupes budgétaires et les tentatives de privatisation. « Ce référendum est présenté comme le médicament qui guérira tous les maux. Les gens auront plus d'argent, la santé sera plus efficace car tout sera centralisé », ironise le Dr Marco Macrì. Selon ce médecin hospitalier, la victoire du oui au référendum élargira au contraire le fossé entre les régions. « Une modification du système entraînera inévitablement un renforcement des inégalités en nivelant la santé vers le bas. La centralisation ne fonctionne pas, sinon le principe de la répartition n'aurait pas été introduit en 2001. Cette tentative de réforme cible en fait la privatisation du système de santé », assène le Dr Macrì.
La ministre de la Santé engagée pour le oui
Le milieu médical est partagé sur la réponse à apporter à ce vote. À l'Institut supérieur de la Santé, la direction défend la proposition référendaire. Chiffres en main, le président Walter Ricciardi souligne la disparité entre le Nord et le Sud, où le coût des prestations est paradoxalement plus élevé et les structures insuffisantes. Selon les estimations de l'Institut, 34 millions d'Italiens résidents au Sud et dans les îles, n'ont pas accès aux plans de dépistage, à l'assistance à domicile et aux thérapies antidouleurs. « En récupérant les compétences sur la santé, l'État devrait combler le fossé entre les régions. Les dépenses et la gestion des fonds seront totalement centralisées ce qui permettra, de distribuer les ressources de manière équitable et d'aligner les coûts dans tout le pays ce qui n'est pas le cas aujourd'hui », estime pour sa part le chirurgien Luigi Federici. C'est d'ailleurs la thèse défendue par la ministre de la Santé qui multiplie les appels du pied aux électeurs pour les pousser à voter "oui" au référendum de dimanche. « Avec la centralisation des plans de santé publique à l'échelle nationale qui seront préparés par le ministère en accord avec les sociétés scientifiques, les différences entre régions seront abolies », explique Beatrice Lorenzin. Depuis le référendum de 2001, les régions ont une compétence totale pour le financement et l'organisation des soins. Toutefois, le ministère de la Santé conserve de nombreuses attributions comme les critères d'admission aux services de santé, la fixation du prix des médicaments et la politique salariale des professionnels de santé dans le public. « La concurrence entre les compétente de l'État et celles des régions a introduit toutes une série de dysfonctionnements et les assurés sont pénalisés, constate un fonctionnaire sous couvert d'anonymat. Pour preuve, la moitié des régions sont contrôlées par des commissaires spéciaux chargés de redresser leurs comptes. »
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