DANS L’HISTOIRE de la Vé République, il n’est pas d’exemple qu’un président sortant ait été réélu s’il n’avait pas devancé ses rivaux au premier tour. L’avance de M. Hollande n’était pas une certitude il y a trois semaines et c’est seulement pendant les dix derniers jours de la campagne que les enquêtes d’opinion ont indiqué la dynamique du candidat socialiste. Le premier tour l’a confirmée, mais surtout les scores établis par les candidats non qualifiés rendent très difficile la manœuvre à laquelle M. Sarkozy doit se livrer dès aujourd’hui. Il ne peut se tourner vers François Bayrou, mais d’une part, le candidat du MoDem est encore plus intraitable dans la déception que dans le triomphe et, d’autre part, le nombre de suffrages qu’il peut en espérer ne serait pas décisif. Peut-il, par extraordinaire, tenter de conclure un pacte avec Marine Le Pen ? Il a engagé une campagne électorale entièrement axée sur les thèmes du Front national, la sécurité et l’immigration. Il s’est lancé dans un débat qui en a troublé plus d’un, dans ses troupes, sur l’identité nationale. Il y a un an ou deux, on disait que l’UMP et le FN se ressemblaient tellement qu’ils devaient fusionner. En réalité, tout en lui volant ses idées, M. Sarkozy a combattu furieusement le Front national. Il n’y a aucun accord possible sur la politique européenne et l’euro. Il ne reste plus au candidat de l’UMP à rappeler aux électeurs du Front, mais individuellement, que si leurs convictions politiques sont sincères, ils ont tout intérêt à écarter François Hollande.
Ce ne sera pas suffisant pour inquiéter le candidat socialiste, qui bénéficie déjà du soutien Jean-Luc Mélenchon et d’Eva Joly, qui ne demandent pas à négocier.
Mélenchon n’a pas eu la peau de Le Pen.
On n’assiste pas pour autant à la fin de la bipolarisation, thème largement exposé sur les plateaux de télévision sous le prétexte que l’électorat s’est divisé entre cinq principaux candidats. Le meilleur exemple de bipolarisation tenace est fourni par l’échec relatif essuyé par Jean-Luc Mélenchon. Il avait l’intention d’arriver devant Marine Le Pen et de « s’en débarrasser ». Elle le devance de sept à huit points. L’échec de Mélenchon ou le succès de Le Pen ne prouvent rien, sinon qu’ils ont l’un et l’autre une indéniable popularité. Mais tous les électeurs dont les candidats ne sont pas qualifiés devront bien choisir au second tour entre Sarkozy et Hollande. La bipolarisation ne dépend nullement de l’humeur du peuple. Elle est inscrite dans la constitution. Elle ne disparaîtra que si le pays passe à la VIe République.
LA MAJORITÉ A BASCULÉ À GAUCHE
M. Hollande voit donc s’ouvrir devant lui une voie royale. Il doit certes son succès à une ténacité et une persévérance remarquables. Il s’est déclaré candidat avant même que Dominique Strauss-Kahn ne disparût de la scène politique. Il recueille aujourd’hui les fruits d’un comportement, d’un discours et d’une éthique qui ont rassuré les Français. Quel que soit le camp auquel on appartient, on ne peut pas nier que la stratégie de M. Hollande a été plus efficace que celle de M. Sarkozy. Mais on ne doit pas non plus s’en tenir à la surface des choses. Le score du premier tour ne résulte pas seulement du sérieux de M. Hollande face à l’agitation de son concurrent. Il ne résulte pas non plus des compétences comparées des deux hommes. Il ne résulte pas, enfin, du seul ressentiment que M. Sarkozy inspire à une forte partie de l’opinion, pour ne pas dire à une majorité de Français. La victoire annoncée de la gauche au second tour est un effet de la crise. Le chômage, la précarité, le poids angoissant de la dette, la crainte de l’avenir expliquent largement le besoin de changement de gouvernement. Ce n’est pas un hasard de l’histoire si, arithmétiquement, la gauche a quelque huit à neuf points de plus que la droite. Il semble bien que l’alternance soit au bout du chemin de croix, que le pays veuille le contraire de ce qu’il a eu jusqu’à présent, sans nécessairement placer d’immenses espoirs dans la majorité qui sortira de la présidentielle et des législatives.
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