L'Académie de chirurgie alerte sur la situation de détresse de l'hôpital français de la mère et de l’enfant à Kaboul

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Publié le 08/11/2021

Crédit photo : S.Toubon

À l'occasion des premières Rencontres internationales de la chirurgie francophone (RICF) qui se sont tenues les 5 et 6 novembre, l'Académie nationale de chirurgie a lancé un appel à l'aide pour l'Hôpital français de la mère et de l’enfant à Kaboul, créé par la Chaîne de l'espoir en août 2006.

C'est le Dr Éric Cheysson, président de l'association humanitaire, qui a alerté sur la situation catastrophique de l'établissement, « menacé de disparition depuis le changement de pouvoir survenu le 15 août dernier et empêché dans sa mission », lit-on dans un communiqué de l'Académie. Le personnel médical et paramédical français a été évacué rapidement, laissant l'hôpital dans une situation préoccupante, avec un manque considérable de moyens humains et matériels.

« Il est urgent de mobiliser de nouvelles ressources humaines pour rétablir le fonctionnement indispensable de l'hôpital au service d'une population en péril, plaide l'Académie. La détresse et la souffrance des femmes et des enfants, victimes innocentes, mobilisent la communauté des chirurgiens francophones aux côtés de leurs collègues afghans qui continuent d'exercer au péril de leur vie. »

À quelques semaines de la célébration du centenaire de l'amitié franco-afghane, l'Académie de chirurgie rappelle « la grande tradition de compagnonnage de la médecine française avec la médecine afghane ».

Une « génération de guerre »

À l'occasion d'un point presse, le Dr Najeebullah Bina, chirurgien cardiaque de l'hôpital français de Kaboul, a témoigné des difficultés de son pays. « Le 15 août, nous avions deux malades sur la table en salle d'opération. J'étais en consultation quand les résidents m'ont appelé pour m'informer que nous n'avions pas d'instrumentistes au bloc opératoire, car ils étaient partis. Heureusement, les patients n'avaient pas encore été incisés, mais ils étaient sous anesthésie, tout était prêt. On a été obligés de les réveiller, raconte-t-il. L'un des deux, un enfant de sept mois avec une communication interventriculaire, est finalement décédé il y a quelques semaines d'une hypertension pulmonaire. »

Il déplore une « génération de guerre ». En cancérologie par exemple, un centre de radiothérapie a été complètement détruit au cours de la guerre civile en 1992, et l'ambition de l'hôpital français de Kaboul d'ouvrir un centre de cancérologie pédiatrique n'a pas vu voir le jour en raison de la crise du Covid et de la situation actuelle du pays.


Source : lequotidiendumedecin.fr