La prudence recommande de ne pas vendre la peau de l'ours, de ne pas induire le lecteur en erreur, de se souvenir que des événements imprévisibles se produisent souvent, et contre toute attente. Il n'empêche que, si l'on en croit les sondages, Alain Juppé augmente son avance et a fort bien résisté aux attaques sur son passé judiciaire. L'électorat ne lui en tiendra pas rigueur. Si François Fillon améliore son score, ce qui le place au troisième rang des candidats de la droite, M. Juppé a pris une avance que Nicolas Sarkozy ne semble plus en mesure de combler. Le maire de Bordeaux commence à séduire les fans de M. Sarkozy, il étend sa popularité au centre, il domine les enquêtes d'opinion. Il est même l'homme politique le plus populaire de France.
Le style de M. Juppé va devenir une référence : pas question d'entrer dans débats sordides, pas question de lancer des attaques venimeuses, pas question de dire un mot de plus que nécessaire. Et ça marche. Bien que la comparaison soit un peu fabriquée, il ressemble à Hillary Clinton, qui reste digne et parfois muette devant les records de goujaterie remportés par Donald Trump. Et ça marche pour elle aussi. Cela semble signifier que, en France comme aux Etats-Unis, la campagne électorale, qui promet du sang et des larmes, trouve son point de stabilisation lorsque au moins un des candidats refuse l'hystérie. Nicolas Sarkozy est empêtré dans des nécessités contradictoires, il ne trouve pas son chemin : il pourrait attaquer avec plus de vigueur, mais il craint de s'aliéner définitivement les soutiens de M. Juppé s'il le prend à partie avec la méchanceté d'un Trump. C'est la difficulté d'une primaire.
Macron peut-il se qualifier ?
Il nous est donc permis de formuler l'hypothèse que M. Juppé sera le candidat désigné de la droite et du centre. Nous sommes également autorisés à penser que, en dépit des rudes revers qu'il subit, François Hollande maintiendra sa candidature. Il ne cède ni devant les médiocres résultats de sa politique économique et sociale ni après ses propres bourdes. Il continue à croire en sa bonne étoile, comme en 2011- 2012, quand il est passé en quelques mois d'une popularité de 3 % à son élection à l'Elysée. Cette confiance en soi ne se nourrit en réalité d'aucun argument solide. Il a déçu son électorat qui ne souhaite même pas qu'il se présente. Mais, du point de vue du résultat final, que M. Hollande soit candidat ou non n'est pas très important. Quelqu'un prendrait sa place et la gauche, plutôt discréditée par le quinquennat qui s'achève, partira pour la bataille affreusement divisée. Si M. Hollande (ou M. Valls) se présente en compagnie de M. Mélenchon, de Mme Duflot et de deux ou trois autres « candidatures de témoignage », il y aura fatalement au second tour Marine Le Pen face à ce candidat de la droite et du centre qui pourrait bien être M. Juppé.
Sauf si Emmanuel Macron se présente. Si vous vous posez la question de savoir si un homme politique est candidat, dites-vous bien que l'hypothèse la plus sérieuse, c'est toujours qu'il l'est. C'est vrai de M. Hollande, qui n'a pourtant aucune chance, et c'est vrai de M. Macron, qui a pour lui la jeunesse, le projet, le goût de la réforme et l'audace. Il se décidera à la dernière minute et le plus probable est qu'il posera sa candidature après la primaire de la gauche. Et là, que se passera-t-il ? Des électeurs socialistes voteront-ils pour lui ? Il séduira plus sûrement la frange modérée du PS, le centre et la partie la plus réformiste de la droite. Il faudrait qu'il se transforme en ouragan pour gagner la partie. Il sera sans doute capable de dépasser M. Hollande ou M. Montebourg au premier tour, mais pourra-t-il aussi passer devant M. Juppé ? Pour qu'il y parvienne, il faudrait qu'il exerce sur les centristes (qui ne sont pas si nombreux) une fascination que l'on n'a pas décelée. Dans les enquêtes, son niveau s'élève à 15 %. C'est assez pour écarter M. Hollande, peut-être assez pour supplanter MM. Mélenchon et Montebourg. Ce n'est pas encore assez pour aller au second tour.
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