L'incidence de la tuberculose a diminué en 4 ans en Grande-Bretagne, passant de 15 cas pour 100 000 habitants par an en 2011 à 10,5 cas pour 100 000 habitants en 2015, avec une baisse notable du nombre de diagnostics chez les migrants qui représentent 73 % des cas. Ces bons résultats coïncident avec la mise en place d'un programme de dépistage radiologique de la tuberculose chez les nouveaux arrivants.
Selon une étude publiée mercredi 12 octobre dans « The Lancet », les migrants qui ne présentaient pas de signes radiologiques lors du dépistage mais qui sont porteurs du mycobacterium présentent un très faible risque de transmettre la maladie, bien qu'ils aient toujours un risque non négligeable de développer la maladie eux-mêmes. Pour les auteurs, ces données renforcent l'intérêt d'un tel programme que le Royaume-Uni est d'ailleurs le seul pays européen à avoir mis en place, avec souvent de grandes difficultés en ce qui concerne le suivi des populations migrantes. Ils estiment toutefois qu'il convient de se poser la question de la pertinence de la recherche du mycobacterium latent chez les migrants.
Le dispositif mis en place par les autorités britanniques se concentre sur les migrants de plus de 11 ans provenant des 15 pays* présentant une incidence élevée de la tuberculose, et désirant rester au Royaume Uni pendant plus de 6 mois. Le dépistage consiste en une radiographie du thorax. En cas de résultats évocateurs d'une tuberculose latente, un examen du crachat est réalisé, avec une mise sous culture si c'est possible. Les auteurs ont par la suite suivi l'évolution de l'état de santé des migrants chez qui ces tests étaient tous négatifs.
Un risque de contamination « négligeable »
Près de 520 000 migrants ont été recrutés, entre janvier 2006 et décembre 2012, dans la cohorte, et 1 873 d'entre eux étaient positifs, soit une incidence avant l'entrée dans le pays de 147 cas pour 100 000 personnes par an. L'incidence de la tuberculose bactériologiquement confirmée est de 49 cas pour 100 000 personnes par an.
Les migrants présentant des anormalités radiologiques avaient 3,2 fois plus de risque de souffrir d'une tuberculose. Au cours des années qui ont suivi leur arrivée, seulement 301 cas de tuberculose se sont déclarés au sein de la cohorte chez des patients non positifs lors du dépistage. Ces cas sont liés à une réactivation de la bactérie latente, sans signe radiologique lors de l'examen.
Les auteurs ont calculé que seulement 35 cas de tuberculoses observés dans la cohorte étaient susceptibles de générer une contamination sur le sol du Royaume Uni. Un risque qualifié de « négligeable » par le Dr Robert Aldridge, du University College de Londres, premier auteur de l'étude. Un dépistage des formes latentes de la tuberculose pour éliminer les cas qui échappent au dispositif actuel serait théoriquement possible, et pourrait réduire encore la prévalence de la tuberculose au Royaume Uni, mais « il sera important de faire une analyse coût efficacité » analyse le Dr Aldridge. Pour le Dr Dominik Zenner, coauteur de l'étude également membre du university college de Londres, « cette étude fournit de nouvelles preuves de la possibilité d'une réactivation du mycobacterium de la tuberculose ».
* Bangladesh, Burkina Faso, Cambodge, Côte D’Ivoire, Erythrée, Ghana, Kenya, Laos, Niger, Pakistan, Somalie, Soudan, Tanzanie, Thaïlande et Togo
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