Une seule raison pouvait expliquer le renoncement du gouvernement : le risque d'un drame sanglant au moment de l'évacuation. Sa décision était donc censée apaiser les esprits et préparer les occupants de la ZAD à leur inévitable expulsion. Les pouvoirs publics ont néanmoins permis à ceux qui avaient un projet agricole de rester sur place. Leur grande tolérance devait réduire un peu plus la résistance des illuminés de la ZAD. Et pourtant, il a fallu utiliser les moyens de la force pour les faire déguerpir.
La question que l'on est droit de poser porte sur une dérive de la démocratie qui permet à de minuscules minorités d'imposer leur volonté en dépit du consensus national tel qu'il ressort des élections et des décisions de justice. Tous les jugements relatifs à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes étaient favorables à la construction. Une consultation a été organisée dans la région qui s'est traduite par une majorité favorable à la création d'un nouvel aéroport. Les occupants de la ZAD ont alors annoncé leur chantage : il fallait passer sur leurs corps pour les expulser. Le travail des forces de police consiste à les extraire de la ZAD en évitant de les blesser ou pire, de les tuer.
Mais que vaut un Etat qui cède devant un groupuscule ? Que vaut une démocratie dont les pouvoirs politique et judiciaire sont bafoués par quelques dizaines de fanatiques ? Que vaut une société où une grève (des cheminots ou à Air France) suffit à plonger dans le chaos le pays tout entier, à imposer quelques souffrances supplémentaires aux gens qui se lèvent tôt et rentrent tard, à porter à l'économie un coup sévère dont on mesurera les effets à la fin de l'année ? Pourquoi le service minimum dans les gares et les aéoports n'existe-t-il pas malgré ce que Nicolas Sarkozy avait faussement annoncé quand il était président ? Pourquoi, dans un système où ne sont censés compter que la majorité et les lois qu'elle vote ou qui ont déjà été adoptées, des minorités, qu'elles soient composées de syndicalistes ou de protestataires spontanés, dictent-elles à l'immense majorité leur propre loi et pourquoi, dans ces conditions est-il normal et routinier pour l'ensemble des citoyens de ce pays, de subir la volonté du plus petit nombre ?
La minorité au pouvoir
La vérité est que, sous le prétexte de lutter contre ce qu'ils appellent le « système », ceux qui ont perdu les élections veulent quand même exercer le pouvoir. Il ne s'agit ici ni de mettre en cause le droit de grève, ni les formes multiples de protestation inventées par la société, mais de dénoncer les conséquences excessivement négatives du malaise ainsi exprimé, mais de quelle manière, par une poignée de citoyens. La minorité n'ayant pas, par définition, la majorité, des partis et des syndicats imaginent d'arracher le pouvoir à ceux qui l'ont obtenu dans les urnes. Et comment vont-ils procéder sinon par quelque action subversive ? C'est ainsi que l'on s'est entiché de ces braves gens si attachés à une terre qu'ils n'ont jamais possédée qu'ils refusent de la quitter sans pour autant qu'ils y prospèrent dans le calme, la tranquillité, la beauté et la propreté. C'est ainsi que le peuple victime de leurs agissements éprouve, un peu comme s'il s'agissait du syndrome de Stockholm, empathie ou commisération pour ces pirates de la terre. C'est ainsi que les passagers ballottés dans les gares et les wagons surpeuplés demandent grâce après avoir été assommés par les tracas qu'on leur inflige au nom du sacro-saint statut des cheminots. C'est ainsi que des pilotes d'Air France, qui n'ont pas des salaires de cheminots, peuvent exiger une hausse de 6 % de leurs émoluments, quitte à arrêter net le développement de la compagnie qui les nourrit. C'est ainsi que va un pays où l'unique concurrence, loin de favoriser le développement économique, oppose des égoïsmes catégoriels.
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