Alors que le projet de loi de santé est encore entre les mains de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, le haut conseil de la santé publique (HCSP) a porté, à l’occasion du bilan de son action en 2014, un regard critique sur le contenu du texte. Le HCSP a en effet participé au conseil des sages, consulté avant la rédaction de la loi.
Si le Haut conseil est « satisfait de la mise en avant de la prévention et de la lutte contre les inégalités », comme l’explique son président le Pr Roger Salamon, elle s’inquiète cependant du fait que « la santé au travail et peu développée. Le fait que les services territoriaux de santé soient essentiellement chargés de l’organisation des soins, et pas assez de celle de la prévention est également préoccupant », note-t-il. Le HCSP regrette également que le projet de loi ne cherche pas à améliorer l’évaluation des différents plans de santé publique.
Des progrès à faire dans la prévention chez les jeunes
Depuis un an, le HCSP fait de la lutte contre les inégalités de santé « dès l’enfance » et de l’éducation des jeunes en matière de santé ses deux chevaux de bataille. Ces deux aspects aussi ne bénéficieraient pas d’un effort suffisamment appuyé par la loi de santé. « En ce qui concerne la politique de santé en direction des jeunes, tout le monde y croit, mais personne ne s’y met », s’emporte le Pr Didier Jourdan, président de la commission prévention, éducation et promotion de la santé du HCSP.
Pour ce directeur de l’École supérieure du professorat et de l’éducation Clermont-Auvergne, la principale bataille se livre au niveau de la prévention de l’alcool, de l’obésité et surtout du tabac chez les jeunes : « Nous sommes incapables, dans ce pays, d’obtenir à une génération sans fumeurs. Pourquoi est ce que 44 % des 15-30 ans fument chez nous contre 14 % des jeunes Australiens et 20 % des Anglais ? Les augmentations récentes du prix du tabac étaient trop modestes. » Le Pr Jourdan est aussi revenu sur la nécessaire systématisation du bilan de santé des enfants qui n’est, pour l’instant, réalisé que chez 60 % des enfants de 6 ans.
« Actuellement, seuls les médecins scolaires peuvent le faire. La médecin de ville, la médecine scolaire et les PMI doivent se coordonner pour améliorer cette couverture », a-t-il martelé. Les membres du HCSP ont également rappelé que, de manière générale, la rémunération à l’acte ne se prêtait pas à une politique de prévention efficace. « Il faudrait que l’assurance-maladie repense le financement de la prévention », estime le Pr Salamon.
Quel impact sanitaire pour le réchauffement climatique ?
Lors de ce même bilan annuel, le HCSP a présenté deux publications : un rapport synthétique nommé « Santé en France, problème et politique », un véritable « Que sais-je » sur les politiques de santé publique destiné à tous ceux qui, sans être des spécialistes, doivent connaître les politiques de santé et les conditions dans lesquelles elles sont décidées en France : médecins, personnels des ARS, journalistes, etc.
La deuxième publication est un rapport présenté par le Pr Jean-François Toussain, président du groupe adaptation et prospective du HCSP, sur l’impact sanitaire de la stratégie d’adaptation au changement climatique. Derrière ce nom barbare se cache une boite à outil pour évaluer la portée des atteintes à la santé publique du réchauffement climatique qu’elles soient directes (pics de chaleur, importations de maladies tropicales) ou indirecte (conséquences sur la qualité de l’eau et de l’alimentation, impact économique…), mais aussi des effets des politiques mises en place pour limiter ces effets. Ce rapport est le fruit du travail du groupe « santé-climat »monté suite à une saisine du ministère des Affaires sociales et de la Santé. Le rôle de ce groupe est d'évaluer l'effet du plan d'adaptation au changement climatique adopté en juillet 2011 sur la santé.
Le rapport préconise la mise en place d’un plan de gouvernance de très long terme sur le sujet santé-climat, mais aussi d’inscrire le suivi des interpellations climat-santé dans les objectifs des plans de santé publique. Les auteurs suggèrent aussi la création d’observatoires croisés climat-biodiversité-risques sanitaires, et la mise en place d’un groupe interministériel de suivi des mesures climat-santé et des indicateurs sanitaires dédiés à cette surveillance.
« Le futur organisme né de la fusion de l’Institut de veille sanitaire (InVS), de l’institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) et de l’établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires pourrait dans ce cadre jouer un rôle important en intégrant les risques sanitaires liés à l’évolution de climat dans ses futurs programmes » a estimé le Pr toussain.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation