BARACK OBAMA a repris à son compte une politique largement entamée par son prédécesseur. C’est d’ailleurs pourquoi il a gardé à ses côtés le secrétaire à la Défense, Robert Gates, qui, avec l’aide du général Pætreus, est parvenu à réduire l’anarchie et la violence sur le terrain. Le retrait des forces américaines n’est qu’une expérience. Si les attentats reprennent, elles devront, une fois encore, prendre le relais. De plus, les Irakiens ne peuvent assurer l’ordre qu’avec le soutien aérien des Américains.
Baroud d’honneur.
Le pays est loin d’être pacifié. Tous les experts, y compris les Français, s’accordent à dire que la recrudescence de la violence, qui accompagne la première phase du retrait américain, n’est qu’un baroud d’honneur des terroristes. Mais, bien que le Premier ministre, Nouri Al Maliki, semble doué de longévité politique et capable de donner un semblant d’unité à l’Irak, le ressentiment qui jette l’une contre l’autre les communautés chiite et sunnite, l’autonomie des Kurdes au Nord du pays, les divisions entre chiites, selon qu’ils sont ou non sous influence iranienne, la question du partage des revenus du pétrole, la forme des institutions constituent autant de problèmes qui risquent, à tout moment, d’entraîner l’éclatement du pays.
M. Obama poursuit patiemment un programme qu’il avait annoncé pendant la campagne électorale. Chacun sait cependant qu’il était plus facile d’envahir l’Irak que d’en sortir, alors que les États-Unis sont engagés dans un autre conflit, celui de l’Afghanistan-Pakistan, région où règne le chaos voulu par les taliban. Un transfert de troupes d’Irak vers l’Afghanistan est déjà en cours.
Ce qui signifie que, pour l’armée américaine, il n’y a aucun répit. S’il est vrai que la récession a permis à l’armée de trouver des milliers de nouvelles recrues menacées par le chômage, ce qui règle la question des effectifs, l’effort militaire demeure très coûteux. Le président s’efforce de procéder à des coupes sombres dans le budget des forces armées en privant l’état-major de gadgets hors de prix et non adaptés aux conflits contemporains. Mais ce qu’il aura beaucoup de mal à économiser d’un côté sera vite dépensé en « AfPak », pour reprendre le sigle qui a cours et qui montre que le conflit s’étend bien sur deux pays : la paix ne peut pas revenir en Afghanistan si le Pakistan ne s’achète pas une conduite.
Le paradoxe veut que M. Obama doit apporter une aide économique et militaire très substantielle au Pakistan, où la récession fait des ravages, alors qu’il n’est pas assuré d’avoir vraiment le concours des militaires pakistanais, obnibulés par le confit avec l’Inde au sujet du Cachemire et qui ont été longtemps les amis les plus fidèles des taliban, notamment quand tout le monde se battait contre la présence socviétique en Afghanistan. Le gouvernement d’Asif Ali Zardari, veuf de Benazir Bhutto, a manifestement beaucoup de difficultés à changer de stratégie. Il s’agit, ni plus ni moins, de trouver un accord avec l’Inde, ennemi originel, et de retourner l’ensemble des forces pakistanaises contre les taliban et les éléments d’Al Qaïda basés dans les montagnes du Waziristan. M. Zaradari a commencé à lutter contre les forces talibanes, avec un succès très mitigé, soit parce que les taliban sont des durs à cuire, soit parce que les généraux pakistanais ne sont pas enthousiastes à l’idée de venir en aide aux Américains.
Une menace sur Islamabad.
Il n’empêche que, depuis la démission de l’ex-président, Pervez Musharraf, et l’assassinat de Benazir Bhutto, qui n’a pas eu le temps d’arriver au pouvoir, la menace talibane sur le régime d’Islamabad est de plus en plus sérieuse. Avec une complication qui donne des cauchemars aux stratèges américains : le Pakistan possède une force de frappe atomique qui, si elle tombait aux mains des taliban, donc d’Al Qaïda, instaurerait un rapport de force dangereusement en faveur des terroristes. M. Zardari n’est pas inerte qui, de temps à autre, publie des communiqués de victoire après des combats entre ses forces et les taliban, mais c’est clair : il existe au Pakistan une force de subversion aussi efficace qu’en Afghanistan.
Le raidissement du régime iranien chiite, qui n’aime pas les taliban sunnites, va réduire encore un peu plus l’influence des États-unis dans la région. M. Obama ne désespère pas pourtant de trouver un jour, avec Téhéran, mais aussi Moscou, une sorte d’accord qui assurerait les intérêts bien compris des trois puissances.
Soldats américains en Irak
LE DANGER LE PLUS GRAND EST AU PAKISTAN
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque