LE QUOTIDIEN - La campagne tarifaire a ravivé la polémique public/privé. Quelles sont vos attentes ?
FRÉDÉRIC VALLETOUX - L’évolution différentiée des tarifs telle qu’elle nous est présentée (-1,7 % pour les hôpitaux et -0,5 % pour les cliniques) ne se justifie pas. Le public n’a pas à être puni d’être plus attractif aujourd’hui qu’hier. Nous espérons que cet arbitrage n’est pas définitif. Ce serait un deuxième mauvais coup porté aux établissements publics après l’affaire du pacte de compétitivité, qui fausse la saine concurrence entre le public et le privé. L’avantage de 500 millions d’euros donné aux cliniques devait être compensé par une baisse des tarifs privés, que l’on ne voit pas arriver. Nous nous posons la question de la cohérence de la politique menée vis-à-vis des établissements hospitaliers. Le discours et les décisions sont en contradiction.
Quelles sont vos priorités pour les trois prochaines années ?
La FHF a porté une plateforme politique pendant la dernière campagne présidentielle. Il s’agit de la concrétiser. Ces orientations portent sur la place des usagers dans la gouvernance des établissements, le renforcement des liens avec la médecine de ville, la valorisation économique de notre activité... Nous allons pousser nos idées, indépendamment de la couleur politique du gouvernement, comme nous l’avons fait il y a quelques années sur la pertinence des actes.
La FHF souhaite le plafonnement des dépassements en ville comme à l’hôpital. Quel regard portez-vous sur l’avenant 8 ?
Il ne va pas assez loin, il introduit un système de sanctions trop souple. Ça a été une déception. Nous pensions que le gouvernement serait beaucoup plus ferme vus les engagements de campagne de François Hollande. Je ne vois pas très bien où tout cela va mener. Notre système de santé ne peut plus faire l’économie d’une régulation plus volontariste. Nous attendons les décisions qui seront prises pour encadrer le secteur privé à l’hôpital.
Sur les déserts médicaux, que pensez-vous du plan de Marisol Touraine ?
Là encore, c’est une déception. Tant que l’on restera sur des mesures incitatives, on obtiendra des demi-résultats. Notre plateforme proposait de limiter au secteur I l’installation dans les zones surdotées. Les sénateurs vont beaucoup plus loin : ils parlent de déconventionnement complet dans les zones surdenses. Le débat doit être rouvert. Il faut que les esprits mûrissent et que le conservatisme chez les libéraux évolue.
Comment doit évoluer le modèle de la T2A?
La T2A doit devenir plus lisible. Il existe 2 200 GHS [tarifs finançant les séjours hospitaliers] en France, un record mondial. Nous avons décrit le système au ministre de la Santé du Québec lors de son passage à Paris (voir notre entretien du 28 janvier). Il a été stupéfait par sa complexité! La T2A devrait prendre en compte la qualité des soins. Les chiffres sur la pertinence des actes existent, mais la CNAM ne les met pas sur la table. Le débat a du mal à être objectivé, c’est regrettable.
Qu’attendez-vous du rapport Couty ?
Certaines attentes sont légitimes, il y a des lignes à faire bouger depuis la loi Bachelot. Mais attention à ne pas tout remettre à plat. Donner plus de place aux CME ne serait pas choquant. Il faut sans doute aussi redonner plus de place aux élus et au conseil de surveillance. Permettre à ce dernier de voter l’EPRD [le budget] est tout à fait possible.
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