On insiste de toutes parts sur l'impopularité croissante du président de la République, mais, à 42 % en moyenne, sa cote est bien plus élevée que celle de François Hollande un an après son entrée à l'Elysée (21 %, soit la moitié) et celle de Nicolas Sarkozy à la même époque (28%). « Paris-Match » a publié la semaine dernière un sondage Ifop-Fiducial qui a été très peu repris par les médias bien qu'il soit édifiant : si une élection présidentielle avait lieu ces jours-ci, Emmanuel Macron obtiendrait 33 % des voix contre François Fillon (hypothèse tout à fait théorique) et s'il était opposé à Laurent Wauquiez (hypothèse cette fois bien plus raisonnable), son score atteindrait 36 % contre 8 % seulement pour son rival. Le sondage indique une forte présente des extrêmes dans le scrutin : Marine Le Pen est créditée de 24 % des voix et Jean-Luc Mélenchon de 16,5 %.
Cette enquête traduit bien l'état d'esprit des Français. Ils sont hostiles à la suppression de l'ISF, à la baisse de l'aide au logement et à la réduction à 80 kmh de la vitesse sur les routes départementales (quelle histoire pour une simple mesure de sécurité !). Cependant, ils ne sont pas à ce point ulcérés par la politique de M. Macron qu'ils souhaiteraient le remplacer par un autre président, si l'occasion leur en était donnée. Ils comprennent vaguement que, face au déclin de la social-démocratie et à ses piètres résultats économiques et sociaux, le président actuel apporte des idées neuves susceptibles de restructurer la société française. L'extrême droite et l'extrême gauche sont les seules à apparaître comme une alternative à la République en marche, mais elles ne pourraient la supplanter que si elles s'associaient, ce qui, bien entendu, est inimaginable et impossible.
Le pari du président
Lorsque le vent de la fureur sera retombé, lorsque les cheminots verront qu'ils peuvent vivre très bien, même si leur statut est progressivement modifié au sein d'une convention collective, lorsque les étudiants reprendront leurs études, lorsque la colère des avocats et des magistrats aura diminué, lorsque les zadistes seront maîtrisés, la cote personnelle du chef de l'Etat remontera. Mais d'ores et déjà, en dehors d'une (més)aventure avec Marine Le Pen ou avec Jean-Luc Mélenchon, ni la droite classique ni la gauche fragmentée ne sont capables de répondre aux exigences populaires. Il y a eu un tsunami en 2017 et il n'est pas nécessaire d'être un grand historien pour comprendre que les forces qui, contre toute attente, ont porté M. Macron au pouvoir restent vivaces, que nos concitoyens, de toute façon, ne souhaitent pas ajouter aux désordres actuels celui des institutions et que, en dépit de toutes les provocations et des agressions verbales, ils n'entendent changer ni de président ni de gouvernement.
C'est ce qui fait que le président de la République a encore une bonne chance de gagner son pari. Quel est-il ? Il est principalement de ne pas faire de sa popularité l'alpha et l'oméga de sa politique, et ensuite, de mettre le pays devant le fait accompli, ce qui chagrine les oppositions et les organisations syndicales, mais résulte de la nécessité et de l'urgence de transformer le pays en profondeur. La question n'est donc plus de savoir si le pouvoir devait ou non ménager les corps intermédiaires, procéder avec plus de prudence, respecter davantage les consciences, les différences, les états d'âme, mais de foncer au nom du mandat que le peuple a accordé à M. Macron en 2017. A n'en pas douter, le président a donné de ce mandat l'interprétation qui lui est la plus favorable. J'ai souvent écrit dans ces colonnes que l'impopularité du président avait beaucoup moins d'importance que le succès de ses réformes. Je suis moins sûr aujourd'hui que le prix de sa réussite sera aussi élevé.
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