C'est sûrement un effet de la mondialisation, de l'immigration et des frustrations liées aux incertitudes économiques et sociales. La crise autour de la loi travail n'est pas autre chose qu'une sorte de paresse ou d'incapacité française à s'adapter à la concurrence commerciale. La persistance en France d'un chômage de masse que rien ne peut entamer a déclenché une colère si répandue chez les Français qu'ils s'en prennent non pas aux conséquences d'une compétitivité qui ne cesse de les appauvrir, mais à leurs dirigeants parce qu'ils n'ont pas su prendre le virage du changement dans les conditions qui leur auraient convenu.
Ainsi François Hollande a-t-il remplacé Nicolas Sarkozy parce que l'ancien président n'a pu que lutter contre la crise de 2008, mais sans réformer en profondeur l'économie du pays ; Manuel Valls, il y a encore quelques mois, apparaissait comme un leader capable de supplanter M. Hollande. Voilà qu'Emmanuel Macron, par le style, les idées et, surtout, la vélocité de sa pensée et la multiplicité de ses propositions, « ringardise » M. Valls. Dans la primaire de la droite, on a vu arriver des personnages aussi jeunes que Geoffroy Didier ou Nathalie Kosciusko-Morizet, alors que, il y a dix ans, l'idée même d'une primaire à droite aurait paru rididicule et a fortiori si une quinzaine de personnes y participent.
Les cas autrichien, britannique et américain
Le phénomène n'est pas circonscrit à la France, même si c'est la France qui donne l'impression du plus grand désordre national. En Autriche, l'extrême droite a failli emporter la présidence. Le président élu est un écologiste qui n'a rien à voir avec les deux grands partis de gouvernement, conservateurs et sociaux-démocrates. D'une façon générale, toute l'Europe est menacée par une montée de l'extrême droite sous le double coup de bêlier de l'immigration et de la mondialisation. Au Royaume Uni, le parti travailliste, écartant ses hommes les plus en vue, dont les deux frères Milliband, s'est jeté dans les bras d'un gauchiste atypique qui risque de transformer le Labour en parti naturellement minoritaire. Le Premier ministre, David Cameron, est talonné par l'ex-maire de Londres, Boris Johnson, qui se sert du « Brexit » pour tenter de l'éliminer.
Et ce n'est pas tout. Aux Etats-Unis, le Tea Party se présentait comme le parti d'une sorte de révolution réactionnaire. Donald Trump est apparu et a aussitôt balayé tous ceux qui se réclamaient de cette philosophie politique, en prétendant, non sans arrogance, que les remèdes que lui, Trump, proposait seraient bien plus efficaces que ceux des républicains. Si vulgaire qu'il soit, le discours de M. Trump a embrasé les électeurs qui se sentent écrasés par la mondialisation et par ce qu'elle produit, insécurité financière, précarité, chômage, totale incertitude pour l'avenir.
C'est au nom du même danger que Bernie Sanders galvanise l'électorat démocrate, souvent des jeunes qui réclament la conversion de l'Amérique à l'Etat-providence, ce qu'elle n'a jamais été jusqu'à présent. En d'autres termes, la mondialisation produit chez les Américains deux incendies idéologiques diamétralement opposés mais qui reposent sur le même sentiment d'insécurité. Le résultat, c'est que Trump n'est rien d'autre que le choix d'une aventure ou mésaventure aux conséquences imprévisibles, et que Hillary Clinton, minée par un Sanders incontrôlable, risque de laisser le pouvoir à Trump. Autrement dit, la force du ressentiment populaire n'entraîne pas nécessairement le choix du plus sage des leaders. En Europe ou ailleurs, le grand « remplacement » des élites gouvernantes ne garantit pas la qualité des nouvelles équipes.
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