Pour avaler assez de calories, face aux contraintes budgétaires, les plus modestes s’orientent vers des aliments à forte densité énergétique. Ils privilégient le gras, mais aussi les glucides lents (pâtes, pommes de terre…), aux dépens des fruits et légumes et du poisson, trop chers. Pour Monique Romon (Lille), professeur de nutrition engagée dans l’éducation thérapeutique, il est possible de lutter contre cette fatalité : « quand on aide les femmes à faire leurs courses, on leur apprend à lire les étiquettes, à faire attention, et donc à acheter moins cher. Les légumes existent aussi à prix raisonnable en surgelés ou en conserves. Il y a moins d’achats impulsifs, comme les sodas, les friandises, qui alourdissent la facture. »
Hors du milieu scolaire, le poids des habitudes familiales.
« Si l’on évoque l’obésité des enfants, il faut parler de celle des adultes. Et valoriser le rôle des mères obèses, qui souffrent. Grâce à l’éducation thérapeutique, on peut agir sur ces femmes et leurs enfants. 15 à 20 % de la population présentent une susceptibilité génétique à l’obésité. Pour les autres, l’environnement joue un rôle majeur », affirme le Pr Romon. Et lorsque les professionnels écoutent les mères en surpoids, ils agissent mieux sur certains leviers. « Si je propose simplement de ne plus acheter de chips pour ne pas en avoir dans les placards, les mères rétorquent souvent qu’elles ont peur de priver leurs enfants ! », ajoute-t-elle. Les chips, c’est considéré comme une récompense.
Se nourrir, une forme de liberté ?
Autre évolution marquante dans les familles modestes : l’absence de convivialité des repas (lire encadré) « Chacun mange de son côté ; souvent, les enfants ont la télévision dans leur chambre et chacun pioche dans les placards pour se faire un plateau », observe le Pr Romon.
Prises par leurs difficultés quotidiennes, les familles modestes se projettent à court terme, ce qui relativise tous les messages de prévention sanitaire.
Mais surtout, face aux discours contraignants en faveur de l’équilibre nutritionnel, la consommation des aliments resterait le dernier bastion de liberté (1) dans les milieux défavorisés.
Avec le Pr Monique Romon, chef du service de nutrition au CHU de Lille, présidente de l’association FLVS (Fleurbaix-Laventie ville santé) et Pascale Hebel, directrice du département consommation du Credoc.
(1)F.REGNIER, A. MASULLO. Obésité, goûts et consommation. Intégration des normes d’alimentation et appartenance sociale. Revue Française de Sociologie, 2009.
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