Soutenu par le Premier secrétaire du parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, le Premier ministre, ayant constaté que les électeurs de gauche, selon les sondages, lui accordent une forte crédibilité, a lancé un appel aux candidats à la primaire, Benoît Hamon (qui a déjà dit non) et Arnaud Montebourg, ainsi qu'à Emmanuel Macron qui, lui, ne se prononcera qu'en janvier et en dehors du PS, à la rejoindre pour former un camp solide face à la droite, accompagnée du centre, et à l'extrême droite.
La démarche du Premier ministre est entachée par une incertitude : il est incapable de dire s'il est candidat lui-même ou s'il travaille, avec sa légendaire loyauté, pour le compte du président de la République. Le découragement des troupes socialistes est très grand depuis la publication du livre intitulé « Un président ne devrait pas parler comme ça », où le chef de l'État apparaît comme un bavard impénitent prêt, parfois, à livrer des secrets d'État au grand public. En fait, la plupart des militants espèrent que François Hollande se désistera pour laisser la place à un candidat plus convaincant.
Mais peu importe : que le candidat soit Valls ou Hollande, le but recherché par le chef du gouvernement est de donner un coup d'arrêt au délitement de la gauche pour que, même si elle perd les élections, elle conserve sa cohésion et obtienne aux législatives un nombre de sièges qui assure le poids qu'elle a dans la vie politique nationale. Les ministres socialistes qui ont démissionné du gouvernement, les Hamon, Montebourg, Filipetti, Taubira ne l'ont pas fait de gaieté de cœur. Ils ont exprimé leurs profondes divergences avec la ligne économique et sociale adoptée par le président au lendemain du remplacement de Jean-Marc Ayrault par Manuel Valls à la tête du gouvernement. M. Valls incarne cette politique au plus haut degré et les candidats à la primaire de la gauche aujourd'hui sont tout aussi hostiles à M. Valls qu'à M. Hollande. Quant à Emmanuel Macron, non seulement il ne se gêne plus pour critiquer publiquement le président de la République, mais il a souffert de la jalousie qu'il inspirait à M. Valls quand il était au gouvernement : logiquement, les deux hommes étaient faits pour s'entendre, puisque tous deux se sont proclamés réformateurs. Leur discorde vient uniquement de ce que M. Macron envahissait le territoire de M. Valls, en présentant un projet encore plus audacieux que celui du Premier ministre.
Le mur idéologique
Donc, la tentative du chef du gouvernement se heurte aussi à des rancœurs personnelles. Personne n'ignore que, chacun pour ses raisons, Mme Taubira, M. Hamon, Mme Filipetti, M. Montebourg et M. Macron sont partis pour « différences irréconciliables », comme on dit dans le langage des divorces. Le seul argument puisssant de M. Valls, c'est : moi, où le cataclysme. Car il est incontestable que, au train où se creusent les divisions de la gauche et où se multiplient les candidatures à la primaire, la gauche finira par être éliminée dès le premier tour, et qu'elle perdra les législatives prévues aussitôt après la présidentielle.
Certes, on attendrait de gens intelligents qu'ils comprennent assez la gravité de la situation de la majorité actuelle pour se rallier à un projet qui fait sens. Mais le poids des émotions pourait être plus fort que celui de la logique. En outre, les personnalités concernées, candidates ou non, rejettent aussi la ligne Hollande-Valls pour des raisons politiques : il n'y a aucune raison de ne pas croire qu'elles sont plus motivées par leurs idées que par leur ambition. Le président et le Premier ministre voient se dresser devant eux une sorte de mur idéologique : la concurrence ne vient pas que des candidats à la primaire socialiste, elle vient aussi de Jean-Luc Mélenchon, assuré de prendre 10-12 % des suffrages au candidat socialiste, et des écologistes. Un partage qui n'est pas à l'avantage du PS quand on sait que, cette année, l'ensemble de la gauche, toutes tendances confondues, n'obtient pas plus de 35 % des suffrages.
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