MARDI DERNIER, le BMJ publiait sur son site Internet une enquête menée conjointement avec la BBC et qui évoque de possibles risques d’exposition à des substances toxiques pour les patients porteurs de prothèses de hanche dites « métal sur métal » (MoM), constituées d’un alliage à base de chrome et de cobalt. Quelques jours après cette publication, l’AFSSAPS a décidé de mettre en ligne un nouveau point d’information. « À ce stade, il n’est pas possible d’établir un lien formel entre une anomalie clinique ou radiologique et un taux particulier d’ions métalliques », souligne l’agence. Si le groupe d’experts « considère qu’il n’y a pas de consensus sur l’intérêt clinique de dosages systématiques des ions métalliques (cobalt et chrome) dans le sang », il souligne que « la constatation d’une variation en hausse du taux d’ions métalliques dans le sang peut être le signe d’une usure anormale de l’implant et de la survenue de problèmes fonctionnels ». Les taux d’ions métalliques peuvent donc s’avérer « utiles comme aide à la décision dans le cas où les examens d’imagerie ne permettent pas d’expliquer l’existence d’anomalies cliniques constatées ». Des recommandations sur la standardisation des méthodes de dosages des ions métalliques seront prochainement formulées par l’agence.
Un suivi annuel.
En l’absence d’anomalie clinique ou radiologique, chez les patients porteurs de prothèse de hanche « métal-métal », l’AFSSAPS recommande un suivi habituel pour ce type de patient. « Toutefois, un suivi particulier, annuel et prolongé jusqu’à dix ans est recommandé pour certains patients, notamment les porteurs de prothèses dont la tête fémorale est d’un diamètre supérieur ou égal à 36 mm. » L’agence qui a recontacté les chirurgiens pour leur transmettre la mise à jour de ses recommandations, les invite à joindre leurs patients porteurs de ces prothèses pour appliquer ces recommandations mises à jour. Chaque année, près de 100 000 prothèses de hanche sont implantées en France dont environ 7 % en « métal-métal ». Parmi ces prothèses MoM, le modèle ASR de la société DePuy concentre l’attention depuis l’arrêt de commercialisation de ce produit en 2010. De la commercialisation des prothèses ASR en 2004 jusqu’à mars 2010, 5 signalements de vigilance ont été effectués par DePuy auprès de l’Afssaps. Rapporté aux 380 prothèses totales de hanche de cette marque, cela représente un taux de reprise de 1,3 %. Parmi les autres fabricants (Mathys, Biomet, Zimmer, Wright, Smith et Nephew), 24 signalements ont été effectués à l’Afssaps depuis 2007 concernant ce type de prothèse, dont 22 relatifs à des implants Zimmer (soit un taux de reprise de 0,1 % pour ce modèle de prothèse). « L’Afssaps a été la première autorité à demander au fabricant (DePuy) d’arrêter la commercialisation et de rappeler ces dispositifs présents sur le marché national en juillet 2010 », souligne l’agence. L’arrêt mondial des prothèses ASR a été décidé par le fabricant en août 2010. Aux États-Unis, ces prothèses ont été commercialisées jusqu’à cette date. En février 2011, la Food and Drug Administration (FDA) a émis des recommandations demandant « d’envisager le dosage des ions chrome et cobalt sur détection de complications décrites spécifiques : œdème localisé, masse palpable, paralysie d’un nerf local, dislocation de l’articulation, sub luxation », note l’AFSSAPS. Là encore, la FDA a insisté sur « le manque de preuve permettant de corréler un taux d’ion métallique chez un patient avec des lésions spécifiques ou des effets systémiques ».
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