Malgré les messages de santé publique invitant à « bouger plus », les Français marchent de moins en moins. « Les Français ne sont pas suffisamment actifs, l’activité moyenne est manifestement insuffisante et le constat est le même depuis 10 ans », a déploré le Pr Jean-François Toussaint, directeur de l’IRMES (Institut de recherche biomédicale et d’épidémiologie du sport à l’INSEP) et, par ailleurs, membre du Haut Conseil de la santé publique (HCSP).
Le 4e baromètre Assureurs prévention sur le « niveau d’activité physique ou sportive de la population française » le confirme : 78 % des 18-64 ans sont bien en deçà des 10 000 pas par jour recommandés. Sur les 1 077 participants qui ont porté un podomètre pendant 7 jours consécutifs, la moyenne de pas quotidiens s’établit en 2015 à 7 525, contre 8 184 en 2014 et surtout 9 017 en 2012.
Les 18-24 ans, constituent la catégorie d’âge où le recul du nombre de pas est le plus marqué (6 807 pas en 2015 contre 7 227). Les jeunes paient en quelque sorte leur temps passé devant les écrans. Au-delà du seuil de 2 heures par jour devant un écran, le nombre de pas baisse d’environ 10 % par tranche de 4 heures. « Au-delà de 10 heures, l’impact est considérable avec réduction de près d’un quart de pas quotidiens », note le Pr Toussaint. L’autre facteur limitant reste le mode de transport. Entre des transports « actifs » (marche/vélo) et motorisés (voiture/2 roues), le nombre moyen de pas chute de 16 %.
Les Français ne profitent toujours pas de la fin de semaine pour bouger davantage, puisque le différentiel entre semaine (7 699) et week-end (7 090) atteint 8 % en 2015, le plus fort écart depuis 2013. Si les Français sont globalement sensibilisés aux bienfaits de l’activité physique et sportive pour la santé, la recommandation sur le nombre de pas journalier à effectuer pour entretenir son corps reste plutôt méconnue pour 64 % d’entre eux. « Les messages commencent à passer, résume le Pr Toussaint. Pour autant, on ne voit pas de franche traduction dans les comportements des Français. » Le spécialiste rappelle que l’inactivité est responsable de 500 000 décès par an en Europe et qu’elle représente un coût de 80 milliards d’euros, liés principalement aux pathologies non transmissibles comme les maladies coronariennes, le diabète de type 2 ou certains cancers. En revanche, « 15 minutes par jour d’activité physique et sportive représentent plus de trois années d’espérance de vie », souligne-t-il.
La pratique sportive n’augmente pas
Le fait de pratiquer une activité physique et sportive permet d’augmenter de 30 % la moyenne de pas quotidiens par rapport aux non-pratiquants (8 597 pas contre 6 506). Toutefois, moins d’un Français sur deux (49 %) déclare faire du sport, un chiffre assez stable au fil des baromètres (49 % en 2014, 51 % en 2013). Parmi ceux qui pratiquent, 86 % le font au moins une fois par semaine. Les disciplines les plus fréquemment citées restent la marche de loisir, randonnée, marche nordique (20 %), le jogging/footing/course à pied (18 %), le vélo ou fitness (15 %) et la natation (12 %). À noter que pour la première fois dans ce baromètre, le taux de pratique sportive des femmes (52 %) surpasse celui des hommes (45 %). Le baromètre 2015 s’est également penché sur le niveau d’activité physique des jeunes de 6 à 17 ans en interrogeant 295 parents du panel. Il ressort que le taux de pratique sportive chez ces enfants et adolescents atteint 65 % (contre 51 % chez les 18-24 ans et 48 % chez les 25-64 ans).
L’influence des parents
L’impact familial sur l’activité physique de leur(s) enfant(s) semble important puisque 72 % des jeunes font du sport lorsque leurs parents sont eux-mêmes sportifs. Et inversement, le taux chute à 56 % lorsque les parents ne pratiquent pas d’activité physique ou sportive. L’association Assureurs prévention va préparer pour la fin de l’année une campagne ciblée auprès des 6-11 ans afin de promouvoir l’activité physique et sportive. « Il y aura des films d’animation courts diffusés sur la chaîne pour enfants Gulli, un site Internet dédié pour inciter les jeunes à quitter leurs écrans pour bouger et nous mettront à disposition des enseignants des supports pédagogiques permettant d’organiser des concours afin de stimuler les enfants », a précisé Norbert Bontemps, président de la commission permanente santé d’Assureurs prévention.
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