A l’initiative du Pr Israël Nisand, les Hôpitaux Universitaires de Strasbourg (HUS) vont former systématiquement leurs gynécologues et leurs sages-femmes à la problématique des violences sexuelles infligées aux enfants, dont les conséquences psychiques et somatiques sont beaucoup plus lourdes que ce qui a longtemps été communément admis. Ils développent dans ce cadre un partenariat avec le Conseil de l’Europe, particulièrement actif sur ce sujet.
A leur invitation, plusieurs centaines de personnes ont assisté, lundi soir à Strasbourg, à une rencontre-débat autour du film « Les chatouilles », récit autobiographique évoquant les viols subis durant son enfance par l’actrice et réalisatrice Andrea Bescond, victime d’un ami de ses parents qu’elle ne parviendra à dénoncer que bien plus tard. Une réalité hélas dramatiquement fréquente : en Europe, un enfant sur cinq, fille dans 80% des cas, est victime de violences sexuelles commises par un adulte, le plus souvent dans l’environnement familial.
Adopter les bonnes attitudes
Le Conseil de l’Europe, à l’origine de la première convention internationale sur ces violences (voir encadré) recommande de mieux associer les personnels de santé à la lutte contre celles-ci. Pour le Pr Nisand, la grossesse peut constituer une opportunité pour aider les femmes concernées à exprimer enfin des secrets qu’elles gardent souvent depuis leur enfance, d’autant que ces traumatismes ont souvent des conséquences sur leur santé et sur le déroulement de leur grossesse.
« Il ne s’agit pas de leur demander d’emblée si elles ont subi de telles violences étant enfant, mais d’être attentif à la manière dont elles expriment des difficultés qui, souvent, sont liées à des antécédents de cette nature », précise-t-il. De plus, certains gestes du gynécologue peuvent être perçus comme une « répétition » d’une violence subie autrefois. Il importe donc, selon le Pr Nisand, de former les médecins comme les sages-femmes à ces réalités, en leur apprenant à poser les bonnes questions et adopter les bonnes attitudes, y compris en demandant son accord à la patiente avant tout examen.
A l’issue du film, un débat avec sa réalisatrice, les médecins et sages-femmes des HUS et l’association « stop aux violences sexuelles » a abordé les conséquences, mais aussi la prévention et la détection de ces violences par le personnel éducatif et hospitalier. Il servira de base à la préparation d’un documentaire présenté dans toute la France. Actuel président du Collège des gynécologues obstétriciens français, le Pr Nisand plaide en effet pour une généralisation de ces sensibilisations et des formations dans l’ensemble du pays.
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