– Dr François Blin (président de la FEAMC*)
Accélérateur de l’histoire
« Ce pape, que j’ai eu le privilège de rencontrer trois fois, à Rome et à Castelgondolfo, a été un très grand homme, d’une très haute stature, à l’instar d’un Albert Schweitzer. Sa béatification est on ne peut plus justifiée, eu égard aux vertus de courage, d’honnêteté intellectuelle et d’ouverture qu’il a toujours incarnées, dans sa vie comme dans ses propos. Son célèbre « N’ayez pas peur ! » aura été incontestablement un accélérateur de l’histoire, il a déclenché des événements majeurs et donné l’image d’une Église debout dans l’adversité. Le courage aura caractérisé toute sa vie, en particulier lors de l’attentat dont il a été victime, puis comme malade terminal de Parkinson. Il fait aujourd’hui l’unanimité, au-delà de l’Église et du monde chrétien. »
* Fédération européenne des associations de médecins catholiques.
– Pr Christian Bregeon (CCMF*)
Il nous a laissés avec des problèmes non résolus
« Jean Paul II a été un très grand pape, très populaire, qui a su reconquérir une partie de la spiritualité de l’Église, après des prédécesseurs plus intellectuels et plus rationalistes. Il a redonné au catholicisime une image consensuelle et enthousiaste, en particulier chez les jeunes. À ce titre, il restera le pape qui a profondément marqué la fin du XXe siècle et qui justifie pleinement par le rayonnement de sa personnalité le titre de Jean Paul II le grand. Je considère cependant que sa béatification est peut-être prématurée, dans la mesure où il a pu rester terriblement aveugle sur certains sujets dans le domaine de l’éthique. S’exprimant au nom de l’Église tout entière, il a fait valoir des convictions universelles, par exemple à propos du sida ou de la contraception, sans relativiser les situations extrêmement disparates selon les régions du monde (Afrique, Europe...). Prêchant à la fois pour l’obligation de suivre les règles communes et pour le respect de la conscience individuelle, il nous a laissés, nous les médecins catholiques, avec des problèmes non résolus. Des problèmes que nous devons traiter tous les jours dans le concret de nos pratiques, en conscience et selon nos règles éthiques. »
* Centre catholique des médecins français.
– Pr Christophe de Champs (CCMF)
Fallait-il aller aussi vite ?
« Jean Paul II a favorisé indéniablement l’ouverture de l’Église au monde et aux jeunes. Il a su positionner les chrétiens face aux accidentés de la vie et à toutes les personnes déçues de l’existence. En matière de lutte contre le sida, il a donné des recommandations qui ont certainement exercé une influence dans le continent africain. Quant à la question de savoir s’il fallait aller aussi vite pour le béatifier, personnellement, je n’en sais rien. »
– P. Jacques Faucher ( CCAPS)*
Ne pas aller trop vite pour béatifier
« Sans aucun doute, Jean Paul II a été un grand pape, estime le . Mais je pense qu’il ne faudrait pas aller trop vite pour béatifier quelqu’un, fût-il un personnage de cette envergure. La complexité et le caractère foisonnant de ses écrits et de ses actes, sur de multiples champs religieux et profanes, mériteraient un travail complexe et systémique que peu d’analystes ont eu le temps et l’énergie d’entreprendre. Il est à craindre qu’une lecture trop rapide réduise son œuvre à quelques idées fortes que l’on pourrait faire fonctionner comme une idéologie, alors que sa foi et son intelligence s’élevaient justement contre toute idéologie. »
* Prêtre et médecin, aumônier national de la Conférence chrétienne des associations de professionnels dans la santé
– Dr Bertrand Galichon (président du CCMF)
Les médecins catholiques portent leur croix
« En raison d’un calendrier très chargé, le CCMF ne sera pas représenté au Vatican dimanche. Mais pour ma part, je reste reconnaissant à Jean Paul II d’avoir accru la visibilité de l’Église et de l’annonce de l’Évangile, ainsi que d’avoir recentré la pensée théologique sur les valeurs chrétiennes fondamentales, face aux postures partisanes de la théologie de la libération. Il a aussi été le pape qui est sorti du Vatican pour aller dans le monde entier. Quant à ses prises de position en matière d’éthique, que ce soit sur la contraception ou sur le sida, elles s’inscrivent dans une posture magistérielle qui ne préjuge pas de la mise en musique pastorale. Les médecins catholiques, qui sont aujourd’hui encore en difficulté avec l’encyclique de son prédécesseur, « Humanae Vitae », portent leur croix sur ces questions. S’ils se bornent à appliquer les directives magistérielles, ils ne répondent pas à leur mission : la prise en charge de l’homme souffrant, en conscience et dans toutes ses dimensions. »
– Pr Marc Gentilini (ex-président de la Croix-Rouge française)
Il n’a jamais prononcé le mot préservatif
« Comme pape politique, Jean Paul II aura été l’artisan de l’ouverture à l’Est, sans lui elle ne se serait pas réalisée aussi rapidement et aussi profondément. Il aura aussi été le pape de la jeunesse et je garde un extraordinaire souvenir des JMJ de 1997, à Paris, avec une mobilisation de jeunes qui montraient que le christianisme n’avait plus peur de descendre dans les rues. En revanche, sur le plan moral, je reste dans l’attente du pape qui prononcerait enfin un grand pardon et une grande réconciliation avec tous les divorcés remariés, les homosexuels, transsexuels, etc., un pape qui dirait enfin : je ne suis pas Dieu, je ne vous juge pas. Il n’a jamais prononcé le mot préservatif, alors que si l’Église peut être opposée à la transmission de la vie, comment saurait-elle prendre position contre la transmission de la mort ? Cela dit, il faut distinguer les discours du pape de la pratique catholique sur le terrain. En Afrique, j’estime que 60 % de la lutte contre le sida relève d’initiatives chrétiennes. Jean Paul II a certes été un grand bonhomme, très courageux, mais il n’a pas engagé de formation en faveur de la tolérance en matière de sexualité. »
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation