Les orthoptistes exerçant dans des cabinets de médecins ophtalmologistes pourront désormais participer à la prise en charge de patients en réalisant des suivis ou encore des bilans visuels. C'est ce que précise un décret paru au « Journal officiel » mardi 6 décembre dernier, qui institutionnalise la coopération entre ophtalmologistes et orthoptistes annoncée par Marisol Touraine en 2014 et testée sous une forme restreinte – la prescription de lunettes – depuis 2013 dans les Pays de la Loire.
Là où la prise en charge pouvait déjà se faire après une prescription médicale, elle pourra désormais se faire dans le cadre d'un « protocole organisationnel » lorsque l'orthoptiste exerce « dans le cadre du cabinet, au sein d'un établissement de santé, dans des services de santé, dans les hôpitaux et centre médicaux des armées ou dans les services de santé au travail », précise le décret.
Dans le cadre de ce « contrat », l'orthoptiste peut établir un bilan, en réalisant une mesure de la réfraction et de l'acuité visuelle, une étude des mouvements oculaires, un état des déséquilibres oculomoteurs, une mesure de la déviation des axes visuels et une analyse fonctionnelle des troubles neuro-visuels. Après ce bilan, l'orthoptiste est alors « le seul habilité » à prendre en charge des pathologies aussi variées que les strabismes, les glaucomes, les troubles neuro-ophtalmologiques. Il peut également instiller des collyres, réaliser des campimétries etc.
Par ailleurs, en cas d'urgence et en l'absence d'un médecin, l'orthoptiste peut accomplir les premiers actes nécessaires en orthoptie.
Plus de souplesse dans les protocoles, c'est précisément ce que réclamait le Syndicat national des ophtalmologistes de France, le SNOF. « La généralisation des protocoles correspond à ce que nous avions ébauché lors des concertations, suite au rapport Voynet de 2015, se réjouit le Dr Thierry Bour, président du syndicat. Cela permet à l'orthoptiste d'intervenir avant, en même temps ou après l'ophtalmo, c'est donc une première. »
L'orthoptiste, collaborateur privilégié de l'ophtalmologiste
« Ce décret confirme l'orthoptiste comme le collaborateur privilégié de l'ophtalmologiste au service d'un parcours de soins plus efficace et sécurisé », souligne le SNOF.
La nouvelle réglementation est également accueillie favorablement par Point Vision. Le groupe estime que ses 23 centres de soins visuels pourront devenir un « lieu idéal d'application des protocoles entre orthoptistes et ophtalmologistes. » « Le décret de réorganisation de la filière de la santé visuelle est un élément de réponse adapté au manque d'ophtalmologistes en leur permettant de collaborer plus largement avec les orthoptistes. »
Du côté du patient, rien ne change, à l'exception des délais d'attente pour un rendez-vous, de 85 jours en moyenne actuellement, qui devraient se réduire. La prise en charge dans le cadre du protocole est notifiée à l'usager. De même est précisée et la durée au-delà de laquelle un examen ophtalmologique est nécessaire. Le patient bénéficie d'un compte rendu par le médecin. Avec la généralisation de ces délégations de tâches, les ophtalmologistes espèrent aussi booster le travail aidé, actuellement pratiqué par 35 à 40 % des médecins. « Nous voudrions passer à 80 % d'ici à 2025, explique le Dr Bour. Mais pour cela, il faut plus d'orthoptistes – actuellement 400 postes sont ouverts à la formation – mais aussi plus d'étudiants formés à l'ophtalmologie, de 150 postes à l'ECN nous souhaiterions passer à 200. »
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