C'est le journal alsacien « Heb'di » qui a révélé l'affaire. Dans un article en date du 27 avril, l'hebdomadaire dévoile le contenu de l'échange téléphonique obtenu par la famille de la victime auprès du procureur de la République de Strasbourg. Dans l'enregistrement, on entend Naomi Musenga, visiblement très affaiblie, déclarer « j'ai très mal, j'ai mal au ventre ». L'opératrice du SAMU lui répond d'un ton outrancier : « si vous ne me dites pas ce qu'il se passe je raccroche », et d'insister « oui vous allez mourir certainement un jour comme tout le monde » après que la jeune femme a appelé au secours : « je vais mourir ». Finalement, l'opératrice la renvoie vers SOS Médecins qui demandera l'intervention du SAMU.

La formation des assistants de régulation en question

Dans un communiqué publié le 8 mai, SAMU-Urgences de France (SUDF) et l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF) se déclarent « profondément attristés » par cet événement et ont demandé un rendez-vous à Agnès Buzyn.

Le rendez-vous, prévu lundi 14 mai, sera l'occasion d'évoquer la formation des assistants de régulation médicale chère au Dr François Braun, président du SUDF. « L'un des problèmes aujourd'hui, c'est que ce métier n'est pas considéré comme une profession de santé », indique le médecin. Il appelle de ses vœux la mise en place d'une « vraie formation diplômante » en lieu et place de la courte formation d'un an aujourd'hui nécessaire à l'obtention du diplôme d'assistant de régulation.

L’Ordre des médecins a également annoncé la tenue, mardi 15 mai, d’une réunion avec SAMU-Urgences de France et l’AMUF « pour garantir la mise en œuvre déontologique de la protocolisation des appels au Centre 15 ».  L'instance appelle « à ce que toute la lumière soit faite sur les dysfonctionnements survenus dans le suivi de l’appel de la jeune femme, qui ne semble, à aucun moment, avoir été mise en relation avec un médecin régulateur ».

Impossible en effet pour l'heure de savoir si c'est cette négligence qui a coûté la vie à Naomi Musenga. Dans un communiqué très court, les Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) indiquent avoir commandé une enquête administrative pour « faire toute la lumière sur les faits relatés dans l'article ». Interrogée par « Libération », la communication du groupe hospitalier affirme que les conclusions de l'enquête seront rendues dans moins de trois semaines. Quant à l'opératrice du SAMU qui n'a pas pris au sérieux la jeune femme en souffrance, elle a été suspendue ce mercredi « à titre conservatoire », a également affirmé la direction des HUS.