CONNUE POUR sa modération, Mme Reding s’est livrée, mardi à Bruxelles, à un exercice oratoire tout à fait regrettable. On reviendra plus loin sur ce qui motive sa colère, et pour de bonnes raisons. On comprend beaucoup moins qu’elle ait cédé à cette colère en se livrant au classique et scandaleux amalgame qui assimile la lutte contre l’immigration en 2010 à la répression nazie. Que des citoyens lambda, pleins d’une sensiblerie excessive, prennent un tel raccourci, c’est déjà insupportable, surtout pour les descendants des victimes des fours crématoires, scandalisées par cette banalisation de plus en plus courante de la Shoah. Qu’une commissaire européenne, censée posséder une meilleure culture historique, les rejoigne, c’est soit de la bêtise, soit de la provocation.
Des marionnettes.
Harcelé par la Commission européenne, Pierre Lellouche, secrétaire d’État aux Affaires européennes, n’a pas caché son agacement. « Je ne peux pas, a-t-il dit, laisser Mme Reding dire que la France de 2010, c’est celle de Vichy ». La position de la Commissaire européenne eût été infiniment plus convaincante si elle n’avait pas choisi la voie de la démagogie. Ses errements étranges donnent la mesure de ce que devient la construction européenne. Au lieu de mettre en place une politique dynamique d"intégration, le Parlement de Strasbourg et l’exécutif de Bruxelles ont dressé une tribune sur laquelle s’agitent des marionnettes reproduisant, avec des couacs, les querelles nationales des Français. Fort heureusement, si M. Lellouche a exprimé son indignation (à bon escient), le gouvernement, cette fois, n’a pas perdu les pédales. Il va s’efforcer de calmer le jeu.
Bien entendu, ces considérations n’enlèvent rien au rôle juridique et humanitaire que l’Europe doit jouer dès lors qu’elle dispose d’institutions efficaces. L’intervention de la Commission au sujet des Roms ne doit, en aucune manière, être considérée comme une ingérence. La France est engagée par tous les textes qu’elle a signés avec les Vingt-Sept. Simplement, une commisssaire à la Justice un peu mieux inspirée aurait pu, dans la foulée, demander aux gouvernements roumain et bulgare ce qu’ils font pour les Roms avec les milliards que l’Union leur alloue. Au pêché d’amalgame s’ajoute donc celui d’hypocrisie. Une hypocrisie d’autant plus grave que Mme Reding s’est contentée de dénoncer les mensonges du gouvernement français sans pour autant nous proposer une vision, ou tout au moins un schéma, pour résoudre le très sérieux problème de l’immigration clandestine.
LES CAFOUILLAGES SONT DEVENUS QUOTIDIENS AU SOMMET DE L’ÉTAT
Malheureusement pour la France, mensonge il y a. Dépêchés à Bruxelles, Pierre Lellouche et Éric Besson avaient juré à la Commission que la France ne ciblait pas les Roms en tant que groupe ethnique mais uniquement les immigrés sans titre de séjour. Et que le gouvernement français ne faisait qu’appliquer le doit en conformité avec les règlements européens. Entre-temps, il est vrai, se développait à Strasbourg une bronca antifrançaise où toutes les gauches européennes se donnaient la main pour enfoncer un peu plus Nicolas Sarkozy et son gouvernement. Le climat de chasse à l’homme a gagné la scène européenne et Viviane Reding, en l’occurrence, n’a pas su résister à ce climat. Il n’empêche qu’elle a parfaitement raison sur un point essentiel : la première circulaire envoyée par le ministère de l’Intérieur aux préfets réclamait le démantèlement des camps illégaux, et plus particulièrement ceux des Roms. Quelques semaines plus tard, après la visite à Bruxelles de MM. Lellouche et Besson, la presse publiait le texte de la circulaire et en dénonçait l’illégalité. Ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux annula la première version et la remplaça par une autre, plus conforme au droit.
C’est ce terrible cafouillage que Mme Reding a dénoncé en exprimant le sentiment qu’elle avait été dupée par MM. Lellouche et Besson. Allez savoir s’ils étaient au courant du contenu d’une circulaire qui ne leur pas été adressée. Allez savoir pourquoi M. Hortefeux est nul en droit. Allez savoir pourquoi, avec un courage extrême, il laisse entendre que la faute a été commise non par lui, mais par son directeur de cabinet. La France, depuis plusieurs mois, est plongée dans uen crise permanente, constamment alimentée par des gaffes, des erreurs et des fautes du gouvernement. À se demander q’il y a encore quelque’un de compétent au pouvoir. À se demander s’il y a la moindre coordination entre les ministères. Quand François Fillon reproche à Michèle Alliot-Marie de n’avoir pas su tenir son ministère et empêché l’enquête sur les fuites relatifs à l’affaire Woerth-Bettencourt, elle pourrait lui rétorquer : « Ce n’est pas moi, c’est Sarkozy. Mettez-vous d’accord tous les deux ».
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