LE REPORT d’une semaine du sommet franco-allemand à Berlin n’aura pas permis au président d’amadouer Mme Merkel. Il est vrai qu’elle avait pris, en amont, des dispositions unilatérales qui imposaient le volonté de l’Allemagne à toute l’Europe. C’est moins l’interdiction brutale des achats de dette souveraine à découvert que le plan d’austérité allemand qui aura plongé l’Europe dans le désarroi. La chancelière a décidé d’économiser 80 milliards d’euros en quatre ans sur les dépenses publiques, alors que la situation financière de l’Allemagne est saine, qu’elle dispose d’une des meilleures signatures du monde lorsqu’elle veut emprunter et que c’est un grande puissance exportatrice.
Un risque de récession.
La chancelière obéit à son instinct et à un pragmatisme allemand plus sensible aux actes qu’aux mots. Il reste à savoir si les Allemands (qui ont accompli d’immenses réformes sous Gerhard Schröder) avaient vraiment besoin de se serrer encore plus la ceinture, si leur pays a le droit d’ignorer les intérêts économiques de l’Europe et si les forgerons allemands de la rigueur ne vont pas tomber dans d’autres ornières que les déficits publics. Tout d’abord, le modèle allemand n’est pas universel, il est égoïste. Un pays ne peut réduire la consommation et augmenter les exportations que si quelqu’un achète sans cesse les productions que ce pays refuse de consommer. Dès lors que l’Allemagne donne le la à toute l’Europe en matière économique, ses partenaires sont contraints, eux aussi, à diminuer les dépenses et la consommation interne. De sorte que les marchandises allemandes risquent de rester sur le carreau. Ensuite, il se peut bien que, depuis la République de Weimar, les Allemands soient terrorisés par l’idée même d’inflation, ils ne sont pas pour autant à l’abri d’une stagnation ou même d’une récession s’ils n’ont plus assez d’argent pour consommer.
LA RIGUEUR EST UNE VERTU, PAS L’AVARICE
À ce sujet, il est remarquable que les agences de notation, institutions toutes puissantes, mais faillibles et abhorrées, se soient inquiétées successivement de la dette des États, puis de leur incapacité à avoir une croissance économique s’ils faisaient trop d’économies pourt éponger leur dette. Certes, l’Allemagne ne risque pas d’être punie, c’est une excellente élève. Mais elle ne saurait croire qu’elle est un atelier du monde comparable à la Chine et que le reste de l’Europe ne serait que son marché. Même la Chine, aujourd’hui, est confrontée à des revendications salariales, est sommée de donner un meilleur sort à ses ouvriers et devra les payer assez pour les transformer en consommateurs. Il n’y a pas trois mois, on présentait le taux de croissance chinois comme une courbe exponentielle qu’aucun obstacle n’affaiblirait jusqu’en 2050. En réalité, les dirigeants chinois doivent réviser de fond en comble leur stratégie économique s’ils ne veulent pas être assiégés par des millions de manifestants. Et c’est urgent : la Chine doit se transformer dès cette année en marché intérieur.
Soutenir la consommation.
La France, pour sa part, met au point un plan destiné certes à faire des économies. La gauche réclame des hausses d’impôt, pour les plus riches bien sûr. Il y en aura de toute façon, ne fût-ce que rééquilibrer les comptes sociaux. Mais si le gouvernement préfère la réduction des dépenses à la hausse des recettes, c’est parce qu’il veut soutenir la consommation, sans laquelle il n’y aura pas de croissance. Le taux de 0,1 % de croissance au premier trimestre 2010, insuffisant et même dérisoire, lui a prouvé, s’il en était besoin, que les Français doivent avoir assez d’argent disponible, après les prélèvements obligatoires, pour faire tourner la machine. Les pouvoirs publics ne peuvent pas lutter contre la crainte du chômage, l’inquiétude conjoncturelle, la peur de l’avenir, mais ils peuvent au moins ne pas taxer les Français jusqu’à ce que la production stagne. Ce qui est valable pour la France l’est pour l’Allemagne. Angela Merkel vient de prendre le leadership européen, mais il n’est pas sûr qu’elle entraîne ses partenaires de l’UE vers des lendemains qui chantent. La rigueur est une vertu jusqu’au moment où elle se transforme en une avarice destructrice d’emplois.
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