Les optimistes diront qu'il ne faut jamais croire à un fin prochaine de l'Europe parce que l'Union, en dépit de ses immenses difficultés, continue à faire un travail d'une importance économique (sinon politique) vitale, et les peuples qui prétendent la mépriser ou la sous-estimer, ignorent à quel point ils sont engagés dans la construction européenne. Les pessimistes disent que la disparition des institutions européennes est impossible parce que, en dépit de ce que croient les opinions publiques, fort mal informées, le démantèlement des structures de l'UE causerait des souffrances si intenses que les plus anti-européens préfèreraient y renoncer. Un seul exemple : gouvernée par un parti situé très à droite, la Pologne semble vouloir s'affranchir des contraintes de l'UE. Ce faisant, elle tournerait le dos à un développement économique que seules ont rendu possible les subventions européennes. Les dirigeants polonais peuvent avoir leur idée, il leur serait très difficile d'expliquer à leur opinion publique une soudaine baisse du niveau de vie.
Imprévisibles mouvements de l'histoire.
En d'autres termes, l'Union est entrée dans les mœurs, de telle manière qu'elle est devenue indispensable à ceux-là même qui affichent leur euroscepticisme. Elle a résisté à la crise grecque et commence à reprendre le dessus dans la tragédie migratoire. Sa banque centrale a sauvé l'euro (à plusieurs reprises) et reste vigilante. Elle fait face à une montée des populismes. Et aucun des maux qui la frappent n'aurait épargné individuellement chacun des Etats qui la composent. Ce qui conduit les dirigeants européens à rappeler que les crises conjoncturelles ne sont pas le résultat de la construction européenne, mais proviennent d'imprévisibles mouvements de l'histoire. En réalité, on est tellement exigeant avec l'Union qu'on lui en veut de n'avoir pas tout prévu, tout préparé et de n'avoir pas trouvé les parades aux crises qui nous affectent collectivement. C'est très injuste et, surtout, cela ne dit rien des capacités d'une Europe mieux intégrée qui disposerait de moyens moraux, économiques et militaires accrus pour lutter contre l'adversité.
Cela ne signifie pas pour autant que les tensions qui tirent l'Union à hue et à dia n'ont pas créé d'inquiétantes lignes de fracture. Un « Brexit » pourrait être imité par d'autres pays ; le populisme pourrait triompher dans un pays, la France par exemple, puis deux, puis d'autres ; les phénomènes sécessionnistes à l'œuvre en Espagne et au Royaume-Uni constitueraient une nouvelle crise grave ; l'Europe enfin, malgré la réussite allemande ou autrichienne, reste un continent miné par le chômage, qui n'est jamais bon conseiller pour les opinions publiques. Enfin, l'Union, nain militaire, est aussi un nain politique. Il lui faut des gouvernements forts et, de ce point de vue, la faiblesse aveuglante de l'économie français joue un rôle délétère parce qu'elle crée un déséquilibre profond entre la France et l'Allemagne, le pays qui, fort de résultats économiques splendides, pourrait exercer sur le reste de l'UE un magistère respecté, pour ne pas dire une forme de domination, pendant que la France, dotée d'une armée respectable, se maintiendrait dans le rôle de pompier de l'Afrique et autres points chauds du monde.
Les pronostics optimistes ou pessimistes se valent. L'avenir nous réservera des surprises, mais toutes ne seront pas désagréables. La France a perdu un temps précieux, celui d'un redressement économique et social qui nous aurait permis de nous conduire en égaux absolus de l'Allemagne. Notre retard est d'autant plus dommageable que l'Allemagne, elle, ne reste pas sans rien faire. Elle dispose d'excédents budgétaires et monétaires qui la mettent à l'abri des préoccupations que nous avons. En outre, nous prouvons tous les jours que la réforme chez nous relève plus de l'utopie que de la réalité tangible. L'Europe n'est pas faible par elle-même, elle souffre de l'indigence morale, économique, politique de la plupart de ses membres.
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