Le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé, le 20 janvier, la levée progressive des mesures destinées à freiner la 5e vague de l’épidémie de Covid-19. Malgré des contaminations liées à Omicron qui se maintiennent à un « niveau très élevé », un avis du Conseil scientifique rendu la veille estimait que la pression sur le système de soins, qui se poursuivra « jusqu’à mi-mars », pourrait être « gérable », si les Français restent vigilants.
Dès le 24 janvier, le passe vaccinal, dont la plupart des dispositions ont été validées le 21 janvier par le Conseil constitutionnel, sera nécessaire pour accéder aux activités de loisirs, aux restaurants et débits de boissons, aux foires, séminaires et salons professionnels et aux transports publics interrégionaux. À partir du 2 février, le port du masque ne sera plus obligatoire en extérieur, les jauges dans les lieux recevant du public seront abandonnées et le télétravail sera seulement recommandé, a détaillé Jean Castex. Le 14 février, les discothèques, fermées depuis le 10 décembre, pourront rouvrir et la consommation au comptoir des bars, dans les stades, les cinémas et les transports sera de nouveau possible.
Dans les écoles, où actuellement 17 037 classes sont fermées (contre 14 380 le 14 janvier), un allègement du protocole sanitaire est envisagé au retour des vacances de février, soit à partir du 7 mars, date où tous les enfants (des trois zones) seront rentrés de vacances. « Pour les 12-17 ans, l’ouverture du rappel a été décidée pour ceux qui sont atteints de pathologies chroniques. Comme beaucoup de pays autour de nous l’ont fait, je vous annonce que nous allons étendre cette possibilité d’un rappel vaccinal pour tous – mais sans obligation – à compter de lundi prochain », a indiqué le Premier ministre.
Un nombre stable de nouvelles hospitalisations
Ce calendrier de levée des mesures intervient dans un contexte de circulation virale toujours « très intense », mais avec une hausse des contaminations « moins marquée », selon le point épidémiologique de Santé publique France (SPF). Malgré des disparités régionales, le nombre de nouvelles hospitalisations au niveau national était stable (-1 %) en semaine 2 (du 10 au 16 janvier) et celui des admissions en soins critiques a diminué (-19 %), indique SPF, insistant sur une « pression hospitalière toujours importante ».
L’impact sur le système de soins de cette vague de contaminations liées à Omicron « va rester élevé mais en partie gérable, et ce jusqu’à mi-mars », anticipe le Conseil scientifique, insistant sur le maintien essentiel des gestes barrières et de la réduction des contacts « durant les semaines qui viennent ». Ce « double message d’espoir et de prudence » s’accompagne d’une nouvelle priorité à court terme : limiter les déprogrammations des patients non-Covid, « en particulier dans le domaine de l’oncologie, des transplantations d’organes, de la cardiologie et des maladies chroniques », et surmonter les « difficultés de gestion en personnel pour les établissements de santé ».
Au niveau national, les modélisations de l’équipe de Simon Cauchemez à l’Institut Pasteur indiquent un pic des hospitalisations « dans la deuxième moitié de janvier avec environ 4 000 patients Covid-19 en soins critiques et entre 15 000 et 18 000 patients en hospitalisation conventionnelle ». « La situation va être plus difficile dans les régions du sud de la France (Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, et Provence-Alpes-Côte d'Azur) où les niveaux d'occupation des lits sont déjà similaires à ceux rencontrés au pic des vagues précédentes », précise l’avis du Conseil.
Mieux protéger les immunodéprimés
À court terme, l’inquiétude porte notamment sur les 250 0000 personnes sévèrement immunodéprimées. Cette population représente actuellement « 15 % à 30 % des malades hospitalisés pour Covid-19 en soins critiques en fonction des établissements, ce qui est une surreprésentation majeure, avec un pourcentage de décès qui demeure élevé compte tenu de leur âge », relève le Conseil recommandant six actions prioritaires pour cette population.
À côté de la mise à disposition de masques FFP2 et de l’administration « systématique » d’une seconde dose de rappel vaccinal (dite « 4e dose ») dans un délai de 3 mois après le premier rappel, l’avis appelle à une campagne d’information pour « créer une bulle de compréhension, d’empathie, de solidarité et de protection autour de cette population d’invisibles ».
L’administration de l’anticorps monoclonal Evusheld en prophylaxie pré-exposition doit également être poursuivie et un effort doit être entrepris pour « aller vers » ces patients, par exemple via la mise en place d’une « ligne téléphonique dédiée assortie de l’intervention d’équipes mobiles de renfort ». Dans ses dernières recommandations de prise en charge, la Haute Autorité de santé (HAS) invite également les professionnels à la mobilisation à « inciter les patients immunodéprimés, adultes ou enfants âgés de 12 ans et plus, éligibles à un traitement préventif pré ou post-exposition du Covid-19, à en bénéficier ».
Enfin, alors que « la reprise/poursuite épidémique observée mi-janvier 2022 est probablement multifactorielle, en partie liée à une circulation très active du virus dans les écoles primaires, les maternelles, et les crèches », le Conseil réitère sa position en faveur de « moyens supplémentaires » pour les protocoles sanitaires en milieu scolaire. Depuis l’été, il plaide pour des dépistages généralisés et réguliers dans les écoles.
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