COMME ATTENDU, et même si les thèmes de la démographie médicale ou des restructurations hospitalières ont surgi ici ou là avec plus ou moins de vivacité, les questions de santé ont peiné à se tailler une place dans la campagne des élections régionales. Celles liées à l’aménagement du territoire, aux transports, à l’emploi et aux délocalisations les ont laissées loin derrière elles. Autre enseignement de ces dernières semaines : un certain nombre de chantiers ouverts dans le secteur ont été mis en sommeil.
« La France a besoin de se moderniser, de s’adapter, et si on décide que, au moment des élections locales, on arrête ce travail de modernisation, on va bloquer notre pays. Parce qu’il y aura les élections régionales maintenant, les élections sénatoriales demain… Et puis c’est au motif de tels scrutins que certains gouvernements se sont complu dans l’immobilisme. » Ainsi parlait dans nos colonnes au début du mois de janvier… Roselyne Bachelot, à qui « le Quotidien » demandait si la course aux régionales représentait un frein pour les réformes en cours. Les faits ne lui donnent pas complètement tort. Le montage compliqué et délicat des toute nouvelles ARS (agences régionales de santé), par exemple, s’est poursuivi normalement pendant la campagne. Et ces « grosses machines » devraient être comme prévu opérationnelles dès le 1er avril.
D’autres dossiers n’ont pas connu le même sort. À l’hôpital, le rythme de sortie des textes d’application de la loi HPST (hôpital, patients, santé et territoires) s’est considérablement ralenti. Établi par le gouvernement, le calendrier prévisionnel de publication de ces décrets, étalé entre décembre 2009 et la fin de ce mois de mars, a été… dynamité. Quelque 80 textes étaient attendus ; ceux qui sont effectivement sortis ne se comptent pas sur les doigts de deux mains. Hôpital toujours, le gouvernement s’est ouvertement employé à calmer l’ardeur réorganisatrice du patron de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) : ce n’était pas le moment de revoir dans la rue les mandarins du premier CHU de France…
La ville aussi a eu droit à son « couvercle ». Sur fond de grogne des praticiens et surtout des généralistes, on peut considérer que l’installation par Nicolas Sarkozy, au tout début de l’année, de la mission Legmann (chargée de refonder en trois mois la médecine libérale) est une manière de se donner du temps. L’analyse vaut aussi pour la mission Briet (mise sur pied fin janvier sur le pilotage des dépenses d’assurance-maladie), voire pour le règlement arbitral de la convention confié à Bertrand Fragonard (lire ci-dessous le point de vue de Didier Tabuteau). Au-delà, on peut imaginer que la loi de santé publique (celle de 2004 arrive à son terme) ou la loi de bioéthique ont elles aussi pâti du contexte électoral. Autant de belles endormies qui se réveilleront peut-être avec le printemps, au lendemain du 21 mars
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