BLOCAGE politique à Washington avec l’épisode du « shutdown », bugs informatiques lors du lancement du site healthcare.gov, excuses publiques du Président auprès des Américains qui ne pourront pas conserver leur assurance santé... Le démarrage de l’Obamacare a été chaotique. Il se pourrait pourtant que le pire soit encore à venir...
En effet, le nombre de médecins américains sera probablement insuffisant pour faire face à l’afflux de nouveaux assurés généré par le programme phare de la Maison-Blanche. D’après le Congressional Budget Office, structure non partisane qui appuie le Congrès dans l’élaboration du budget, ce sont 27 millions d’Américains supplémentaires qui devraient disposer d’une couverture médicale d’ici à 2023 grâce à l’Obamacare, dont 14 millions dès 2014.
Risque de burn-out.
Qui dit augmentation de la protection sociale dit augmentation de la demande de soins. Qui prendra en charge les nouveaux assurés, alors que le nombre de médecins est aujourd’hui à peine suffisant pour s’occuper des patients disposant déjà d’une assurance ?
L’Association américaine des facultés de médecine estime qu’il manquait déjà environ 14 000 praticiens en 2010, et que ce chiffre pourrait décupler d’ici à 2025. Les conditions de travail dans les cabinets américains sont déjà fortement dégradées, et 40 % des médecins déclaraient être en burn-out lors d’une étude récente de la revue Medscape.
Beaucoup de soignants restreignent déjà l’accès aux soins des bénéficiaires des programmes sociaux. D’après une autre étude publiée en juillet 2013 par la revue Health Affairs, un tiers des médecins américains n’acceptent plus de nouveaux patients assurés par Medicaid, le programme gouvernemental qui porte assistance aux personnes les plus démunies.
Or, c’est une extension de ce même Medicaid qui devrait permettre de couvrir la moitié des nouveaux assurés de l’Obamacare. Un article paru dans le magasine Forbes l’annonçait en août : « Attention, patients Medicaid : le docteur ne vous recevra pas ! »
Pistes.
La pénurie de praticiens aux États-Unis pourrait toutefois être atténuée par le développement de modèles d’organisation des soins plus efficients, favorisant la délégation de tâches, utilisant moins les médecins et davantage les professionnels de santé non médicaux.
Une étude récente de l’institut américain RAND s’est penchée sur deux de ces modèles : les
« maisons médicales centrées sur le patient » (« patient-centered medical homes ») et les « centres de santé infirmiers » (« nurse-managed health centers »). Les résultats sont spectaculaires : si leur part dans l’offre de soins passait à 50 % (contre 15,5 % actuellement), la pénurie de médecins pourrait être divisée par deux. Un bémol de taille : cette étude ne concerne que les soins de premier recours, alors que l’Association américaine des facultés de médecine estime qu’en 2025, la pénurie de médecins concernera pour moitié les spécialistes.
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque