Le 20 décembre dernier, le gouvernement conservateur du Premier Ministre Mariano Rajoy a approuvé un projet de loi restreignant fortement les possibilités d’avortement. La proposition a suscité une forte contestation en Espagne, où une grande journée de mobilisation est prévue samedi 1er février à Madrid.
La colère a même franchi les Pyrénées : le même jour, plus de 80 associations et organisations françaises, dont le Planning Familial, appellent à manifester à Paris et dans plus de 20 autres villes françaises. Pour elles, le projet de loi rappelle « les heures sombres du franquisme ».
L’une des législations les plus restrictives d’Europe
Si la loi est votée, la législation espagnole sur l’avortement deviendra l’une des plus restrictives d’Europe. L’interruption de grossesse ne sera permise que dans trois cas : grave danger physique ou psychologique pour la mère (il faudra alors que le diagnostic soit établi par deux médecins exerçant hors de l’établissement qui pratiquera l’avortement), viol (il faudra alors que la femme ait déposé plainte), et malformation fœtale (là encore, le diagnostic devra être établi par deux médecins). De plus, si la femme est mineure, tout avortement devra être soumis à autorisation parentale.
D’après Marie-Pierre Martinet, secrétaire générale du Planning Familial, le projet de Madrid pourrait marquer le début d’un mouvement de reflux en ce qui concerne les droits des femmes en Europe. Il est vrai que le ministre de la Justice espagnol, Alberto Gallardon, principal défenseur de la loi, a déclaré au quotidien ABC qu’il était convaincu que « la loi espagnole va générer un débat dans toute l’Europe », et que « beaucoup de pays vont revoir leur législation ».
En France, le Planning Familial estime que la situation politique actuelle rend impossible une remise en cause réelle du droit à l’avortement. Mais cela n’empêche pas Isabelle Louis, la présidente de la fédération d’Île de France du mouvement, de rappeler que ce droit doit toujours être défendu, car il n’est pas « inscrit dans le marbre ».
L’accès à l’IVG toujours problématique en France
Les associations qui appellent à manifester le 1er février rappellent que l’accès aux structures pratiquant l’IVG n’est pas sans problèmes en France comme cela a été d’ailleurs été évoqué lors des débats sur le projet de loi pour l’égalité femmes-hommes. Isabelle Louis explique par exemple que certaines femmes sont réduites au « nomadisme abortif ».
Elles doivent souvent parcourir de grandes distances pour trouver un centre capable de les prendre en charge. Plus la date après laquelle l’IVG n’est plus permis se rapproche, et plus il leur devient difficile de trouver un établissement. Le Planning Familial estime que 2 000 femmes françaises sont ainsi contraintes d’aller avorter à l’étranger chaque année, car elles ont dépassé les délais légaux du fait du manque de structures.
Il n’est pas sûr que l’indignation internationale puisse avoir un quelconque effet sur le gouvernement espagnol. Mais le sujet est en train de devenir un boulet pour Mariano Rajoy. Partis de gauche et associations féministes sont vent debout contre la réforme. Même le Partido Popular au pouvoir est divisé : les présidents conservateurs des régions d’Estrémadure et de Galice ont demandé à ce que la loi soit adoucie. El País affirme qu’il n’y a plus moyen pour M. Rajoy d’avancer sur ce projet. D’après le quotidien, le gouvernement s’apprêterait à laisser la polémique reposer plusieurs mois, le temps de consulter l’ensemble des organisations concernées.
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