De la diversité de l'opposition, de ses rivalités, des incertitudes énormes que contient la perspective d'une primaire qui n'aura lieu qu'en novembre, le président de la République fait son miel. Il pilote un navire en perdition, mais il dispose de toutes les clés du pouvoir. Aussi mal engagée que soit la révision de la Constitution, elle a pour effet de rendre la droite perplexe ; aussi divisée que soit la gauche, elle ne l'empêche pas d'agir. À tort ou à raison, François Hollande pense que la déchéance de la nationalité sera finalement votée. Et il entend tirer de l'imminent remaniement gouvernemental tout le profit politique qu'il peut en espérer.
Bien que le chef de l'État ait complètement échoué sur le plan économique et social, la magistrature suprême lui permet encore de prendre des initiatives dans une foule de domaines et, si l'idée lui a certainement traversé l'esprit qu'il n'inversera pas la courbe du chômage cette année, il entend multiplier les effets d'annonce et les actions non-économiques. La déchéance de la nationalité n'est pas autre chose qu'un clin d'œil à l'électorat de droite et un non-événement présenté comme une étape historique.
La droite s'est laissé manipuler. Elle a d'abord décidé de voter la déchéance, puis, décontenancée par la confusion que le projet a créée, elle a demandé des éclaircissements qui n'ont pas été fournis mais qui vont la conduire à voter dans la désunion. On constate donc qu'à l'embrouillamini du projet correspond l'incapacité de l'opposition à définir une position unitaire. C'est regrettable parce que, une fois encore, la médiocrité de l'ensemble de la classe politique ressort des débats artificiels autour de la déchéance. Ce n'est rien par rapport au flou qui entoure les intentions de l'opposition pour 2017, mais l'électorat a besoin de savoir à qui il va confier les rênes du pays.
Des idées, pas encore de programme
Les trois candidats cités plus hauts ont, en gros, un programme libéral, appuyé sur une baisse des impôts, une augmentation du temps de travail, un effort sur la formation et une baisse des charges des entreprises pour qu'elles accroissent leur compétitivité. Mais les chiffres - et aussi les plans d'action- qu'ils mentionnent sont différents. Quand M. Fillon envisage un plan de relance axé sur 110 milliards d'économies dans les dépenses (en cinq ans), M. Sarkozy propose une baisse des 10 % de l'impôt sur le revenu. Le premier ne nous dit pas comment les services de l'État pourront fonctionner malgré une telle ponction dans leur budget, le second ne nous dit pas comment il compensera les milliards qui manqueront aux recettes publiques.
Le gouvernement qui sera issu des élections de l'année prochaine aura du pain sur la planche : économie, emploi, sécurité, immigration. Mais le premier devoir de ceux qui espèrent être élus en 2017 est de présenter un programme cohérent. Non seulement ils doivent nous dire comment ils vont relancer l'économie française pour créer des emplois, mais ils doivent aussi dire comment tout allègement de charges ou d'impôts sera financé. S'ils ne nous présentent pas deux colonnes, l'une pour les économies, l'autre pour les réductions d'impôts, ils ne pourront pas nous convaincre. En effet, les deux gouvernements de M. Hollande n'ont su ni accélérer la croissance ni tenir leurs engagements en matière de déficit budgétaire et de dette. La commission européenne vient d'annoncer que, selon ses calculs, le déficit budgétaire de la France ne sera pas inférieur à 3 % du produit intérieur brut en 2017.
L'opposition n'a pas besoin de revenir aux affaires si elle ne prend pas ces deux engagements cardinaux, si elle ne finance pas jusqu'au dernier centime d'euro les réductions d'impôts auxquelles elle entend procéder. Elle doit, en quelque sorte, tenir les promesses de François Hollande. Elle doit alléger les impôts des citoyens pour les encourager à consommer, aider les entreprises à produire mieux et moins cher, mais, tout en assurant la relance de la machine économique, elle sera contrainte d'en finir avec des déficits qui continuent à alimenter dangereusement notre dette nationale au moment où les taux d'intérêt risquent de remonter.
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