Le mouvement des gilets jaunes est composé de trop de gens aux motivations multiples pour mériter l'absolution universelle (y compris celle du Premier ministre) qu'il a obtenue, malgré des violences, des agressions racistes ou homophobes et ce droit au blocage qui n'a jamais existé mais qu'il s'est arrogé au mépris de toutes les lois en vigueur. Ce qui ne signifie pas pour autant que le pouvoir doive négliger les effets économiques et sociaux causés par la jacquerie. Au début de la révolte, on pouvait tout prévoir, l'énormité des exigences (la démission du président, rien que ça), la violence inhérente à des manifestations non-déclarées, donc non-encadrées, la variété infinie et grotesque des revendications. C'est une auberge espagnole où des gens qui raisonnent comme l'extrême-droite ou l'extrême-gauche, comme la droite ou le centre, apportent des intentions contradictoires.
On pouvait prévoir aussi que M. Macron ne démissionnerait pas (au nom de quelle prescription constitutionnelle ?) et qu'Édouard Philippe n'allait pas, dès dimanche dernier, annoncer l'annulation des surtaxes sur les carburants. La moindre des choses, c'était d'attendre que la crise décante, que les gilets s'éparpillent dans la nature, qu'ils se lassent, qu'ils aient froid, qu'ils ne se sentent pas vraiment soutenus, car ils ne le sont que dans les sondages, mais pas par les Français qui ont besoin de rouler pour travailler. Dans la démarche charitable des médias (et même du gouvernement) pour « comprendre » les manifestants, pour les plaindre, pour partager verbalement leur sort, on a oublié de dire qu'ils ont été minoritaires, violents, parfois racistes ou homophobes. Que parmi eux, beaucoup étaient non-violents et bien intentionnés, il faut en convenir. Que dans ce genre de mouvement, les voix raisonnables soient entendues, c'est une autre affaire. Le pouvoir est sûrement responsable de ce qu'il fait, mais eux-mêmes ont pris des responsabilités qu'ils ne veulent pas reconnaître, d'autant moins volontiers que, n'ayant ni chef ni maître, ils se complaisent dans l'anonymat, surtout quand les choses tournent mal.
L'avenir des réformes
Le problème ne vient donc pas des inégalités sociales, certes profondes, mais qui se mêlent à d'autres motivations, dont la principale est l'aversion pour toute autorité, y compris celle qui sort des urnes. Le problème, c'est le rejet des institutions, des règles et de l'ordre. Le problème, c'est que, comme le montre le niveau élevé des prétentions, le gouvernement ne peut rien négocier avec les gilets jaunes et que, soucieux de ne pas tomber dans l'erreur du président précédent, qui a tout accordé aux bonnets rouges et l'a payé cher, Emmanuel Macron tente, une fois encore, d'avoir ses opposants à l'usure. C'est une manœuvre dangereuse, même s'il n'y en a pas d'autre. Nous allons donc vers une forme de guérilla, avec tous les dangers d'explosion qu'elle contient.
Il est peu probable que le gouvernement soit en mesure d'apaiser cette crise en rappelant, comme il ne cesse de le faire, combien de prélèvements obligatoires il a supprimés. Il devrait, pour rebondir, donner quelques gages en espèces sonnantes et trébuchantes. Quand ? Comment ? Avec quel budget ? Voilà des questions auxquelles il est le seul à pouvoir répondre. Ce qui est sûr, c'est qu'il ne peut pas négliger cette crise, après tant d'autres, sous le prétexte qu'elle n'a pas de réel fondement. Elle existe, même si elle est partiellement injuste, et il lui appartient de la résoudre. C'est la condition indispensable de la poursuite des réformes et d'un programme qui a suffisamment chamboulé la société pour que le président de la République laisse un peu souffler ses compatriotes. Il n'est jamais surprenant que des réformes entraînent l'impopularité d'un chef d'État, mais trop d'impopularité nuit aux réformes elles-mêmes.
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