Sur la santé et la Sécu, le président Macron tient-il les promesses du candidat Emmanuel ? Au bout de sept mois de mandat, le bilan est plutôt favorable si l'on s'en tient aux principaux engagements de campagne.
En médecine libérale, on relèvera le passage annoncé et applaudi du tiers payant généralisé obligatoire à une dispense d'avance de frais « généralisable » (lire ci-contre), le déverrouillage de la télémédecine (avec une tarification de droit commun à décliner dans les négociations conventionnelles dès janvier) ou encore la confirmation de l'objectif de doublement des maisons de santé.
La fameuse « révolution » de la prévention s'incarne dans deux premières mesures emblématiques : le prix du paquet de tabac qui sera porté par étapes dix euros et l'extension de l'obligation vaccinale (dès 2018).
Côté recettes, le gouvernement a présenté un grand plan d'investissement 2018/2022 de 57 milliards d'euros dont la santé fait partie pour près de cinq milliards d'euros. Quant au taux directeur des dépenses maladie (ONDAM), il a bien été fixé à 2,3 % pour 2018, moyenne annoncée pour le quinquennat.
Autre promesse tenue : la suppression du RSI à compter du 1er janvier 2018 inscrite dans la loi Sécu, même si le régime général ne prendra que progressivement les rênes de la protection sociale des indépendants jusqu'à son absorption définitive (en deux ans). Des parlementaires ont néanmoins déposé un recours en annulation au Conseil constitutionnel pour « cavalier législatif ».
Reste à charge zéro, mais comment ?
D'autres engagements demeurent incertains. La réforme du service sanitaire pour les étudiants en santé devra se concrétiser avec les premières expérimentations au printemps pour une application nationale à la rentrée 2018. Une mission doit en préciser les modalités après concertation. La vente des médicaments à l'unité semble, elle, renvoyée aux calendes grecques.
À l'hôpital, où Emmanuel Macron avait promis une réforme en profondeur (gouvernance, organisation, tarification), 2018 devrait marquer un coup d'accélérateur si l'on en croit les déclarations d'Agnès Buzyn à « Libé », le 12 décembre. « Il faut changer la place de l'hôpital public dans notre système, c'est une urgence. Nous allons nous y atteler dès l'année prochaine », a-t-elle assuré, précisant qu'« une restructuration de nos hôpitaux est indispensable ».
Quant à l'engagement d'Emmanuel Macron en faveur d'une prise en charge à 100 % pour les lunettes, audioprothèses et prothèses dentaires d'ici à 2022, il est certes maintenu mais son ambition a sans doute été revue à la baisse. Une concertation doit clarifier la relation entre Sécu, complémentaires et professionnels. Qui paiera ? La baisse des prix sera-t-elle au rendez-vous ? L'objectif est d'aboutir à un panier de soins standard pour lequel le patient n’aura rien à débourser. « Nous ne sommes pas là pour offrir des montures Chanel à tout le monde », a prévenu Agnès Buzyn.
Sur les sujets sociétaux enfin, la prudence de l'exécutif domine. L'ouverture de l'AMP aux femmes seules et aux couples de femmes attendra non plus seulement l'avis du Comité consultatif national d'éthique – favorable à l'ouverture – mais aussi celui des États généraux préalables à la révision de la loi de bioéthique, en 2018.
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