Les maladies respiratoires sont probablement les premières auxquelles on pense quand on évoque les interactions en santé humaine du réchauffement climatique. « D’un point de vue respiratoire, le réchauffement s’accompagne d’une augmentation des épisodes de pollution particulaire et de pollution par l’ozone, souligne le Pr Bruno Housset (CHU Créteil, ancien président de la Fondation du souffle). Nous assistons déjà à l’augmentation de fréquence des feux de forêt dont les fumées peuvent s’étendre sur plusieurs centaines de kilomètres. Ils sont des agresseurs de l’épithélium respiratoire. Les tempêtes de sable sont également plus fréquentes et plus durables, elles s’accompagnent d’un effet inflammatoire des poussières inhalées sur les voies aériennes. Et puis les maladies allergiques respiratoires augmentent du fait de la prolongation de la durée de la saison pollinique et des modifications caractéristiques des pollens. On prévoit qu’en France ces maladies toucheront 50 % de la population en 2050. »
L’ensemble de la population générale concernée
« Si aujourd’hui les chaleurs extrêmes menacent essentiellement les sujets vulnérables, comme ceux qui souffrent de pathologie respiratoire chronique (asthme, BPCO), avec une augmentation de la morbidité chez les sujets vulnérables, dans quelques années c’est donc l’ensemble de la population générale qui va être affectée », souligne l’ancien président de la Fondation du Souffle. Et d'insister : « Il ne s’agira plus de réagir comme en situation de crise, mais dans une situation d’urgence continue et inexorable. »
« Cette inexorabilité nous expose à des phénomènes catastrophiques dans les cinquante ans qui viennent, quelles que soient l’ampleur et la radicalité des mesures qui peuvent être prises dans l’immédiat, compte tenu de la force d’inertie du climat. Ce décalage rend d’autant plus difficile la prise de conscience et la motivation du public pour s’engager dans des changements profonds, puisque les effets des efforts ne pourront pas s’apercevoir avant plusieurs dizaines d’années. »
Formation médicale insuffisante
Quant à la prise de conscience des médecins, elle n’est pas favorisée par la formation initiale. « Le sujet des pathologies du climat est intégré au programme de l’internat, note Bruno Housset, lui-même à l’origine d’un master 1 santé-environnement, mais cela reste insuffisant. Or les médecins ont un rôle important à jouer dans la prévention, avec l’information des populations à risques comme les enfants asthmatiques, les BPCO, ou les fibroses : il faut obtenir une meilleure adhérence aux traitements, mieux identifier les sources de pollution pour ne plus s’y exposer. Et pour tous les publics, au-delà de l’angoisse sur l’avenir et de la colère contre l’absence de mesures prises aujourd’hui, la compréhension du lien entre santé et climat est primordiale pour l’action collective et individuelle. »
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