L’impact de la météo sur les événements cardiaques (la mortalité cardiovasculaire, le nombre d’accidents coronariens, d’insuffisances cardiaques, d’arrêts cardiaques et certains troubles du rythme) fait l’objet d’innombrables publications qui documentent le lien entre réchauffement et cardiologie. Toutes ciblent, en aigu comme à long terme, les polluants atmosphériques que sont essentiellement les particules fines (PM 2,5 et PM 10), les oxydes d’azote, le dioxyde de soufre, le monoxyde et le dioxyde de carbone, ainsi que l’ozone.
« Or l’ozone, ce polluant dit secondaire, constitue justement le facteur aggravant, le marqueur, en quelque sorte, du réchauffement climatique sur les pathologies cardiovasculaires, souligne le Pr Pierre Gibelin (Université Nice-Côte d’Azur). Sa formation, à partir des gaz émis par le trafic routier et les activités industrielles, est en effet fortement dépendante des températures élevées avec un rayonnement solaire important. Plus l’air se réchauffe, plus le taux d’ozone s’y élève. Et plus croit le risque d’accident cardiaque. »
Ozone et arrêts cardiaques
Le Pr Gibelin a réalisé dans la région de Nice une étude rétrospective (2010-2018) qui met largement en évidence une association significative entre l’exposition à un taux élevé d’ozone et un risque aggravé d’arrêts cardiaques.
« Cet effet cardiaque de l’ozone s’explique à la fois par l’atteinte prédominante du système nerveux autonome, l’atteinte ischémique et, dans une moindre mesure, l’atteinte du système pulmonaire » (Bulletin de l’Académie nationale de médecine 205 – 2021 233-238). Cette étude corrobore notamment une quinzaine d’études internationales qui ont retrouvé l’ozone significativement associé à l’augmentation du risque d’arrêts cardiaques hors hôpital.
Cris d’alarme
Polluant par excellence du réchauffement climatique, l’ozone a une longue durée de vie et il peut voyager sur de grandes distances. Les stratégies de réduction de ses précurseurs se heurtent à la hausse globale des températures qui en compensent les effets depuis près de deux décennies en Europe. L’Organisation mondiale de la santé recommande une valeur guide de 100 µg/m3 en moyenne sur 8 heures, fixant la valeur limite à 120 µg/m3. Mais l’Union européenne ne suit pas ces préconisations, en autorisant des normes très supérieures que ce soit pour les particules fines ou pour l’ozone, malgré le consensus des chercheurs sur la mortalité cardiovasculaire induite par ces polluants. « La révision des seuils d’alerte est urgente, affirme le Pr Gibelin, mais nos cris d’alarme ne sont pas entendus par des pouvoirs publics qui donnent toujours la priorité aux objectifs économiques et financiers. Ni l’Europe ni la France ne sont à la hauteur des exigences de santé publique. »
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