Le débat sur les médecines complémentaires ne s’est pas achevé avec le déremboursement total de l’homéopathie. Un collectif de médecins, parlementaires, anciens ministres et universitaires demande au gouvernement de renforcer l’encadrement des médecines complémentaires et alternatives (MCA), à travers la création d’une agence gouvernementale spécifique. Une résolution devrait être portée en ce sens à l’Assemblée nationale « dans les meilleurs délais », affirme le collectif.
Deux tiers des Français convaincus
La thèse est que la santé de demain intégrera toujours davantage ces médecines complémentaires et alternatives et qu’il convient donc de sécuriser leur essor en structurant rapidement ce secteur. « Plus de 68 % des Français croient aux bienfaits » de ces médecines, indiquent les signataires d’une tribune publiée dans « Le Monde ». Parmi ces derniers, le Pr Gilles Berrut, président du Gérontopôle Pays de la Loire, Philippe Denormandie, chirurgien et auteur de rapport ministériels portant sur le handicap, le Pr Julien Nizard, chef du centre fédératif douleur, soins palliatifs et de support au CHU de Nantes, le Pr Richard Villet, secrétaire général de la Fondation de l’Académie de médecine, Agnès Firmin Le Bodo députée (Agir) et pharmacienne ou encore l’ex-ministre du travail Myriam El Khomri.
Le collectif fait le constat que l’OMS dénombre 400 MCA mais que ce maquis rassemble « indistinctement des méthodes validées et sécurisées, insuffisamment éprouvées ou douteuses, voire dangereuses. » « L’enjeu de santé publique est donc de favoriser l’essor des pratiques bénéfiques, tout en luttant contre les dérives en santé », lit-on.
De fait, certaines pratiques sont légalisées — ostéopathie, acupuncture, chiropraxie ou homéopathie – , d’autres comme la sophrologie ou l’hypnose sont déployées dans les hôpitaux et les EHPAD. « Un rapport de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP 2012) a montré que l’hôpital public s’est, lui aussi, largement ouvert à certaines MCA », ajoutent-ils. L’Académie de médecine s’est montrée de son côté favorable à l’intégration de certaines MCA si elle permet « de préciser leurs effets, de clarifier leurs indications et d’établir de bonnes règles pour leur utilisation ».
« Inventer la médecine de demain »
D’ores et déjà, il existe certes une jeune agence des médecines complémentaires et alternatives (A-MCA), qui réunit plus de 80 experts – patients, soignants, chercheurs, élus – et fédère l’écosystème dans ce domaine. Créée en octobre 2020, l’A-MCA se donne trois objectifs : « déployer une stratégie nationale », « asseoir le soin relationnel et médicamenteux dans une logique de complémentarité à la médecine officielle » et « mieux articuler le "cure" et le "care" » dans les centres de soins. Cette agence entend aussi développer la recherche et lutter contre les risques de dérives thérapeutiques. Et de fait, le collectif souligne que les patients cachent souvent leurs usages des MCA à leurs médecins « et parfois abandonnent leurs traitements vitaux ».
Mais pour les signataires de la tribune, il faut changer de braquet pour structurer ce champ. D’où l’idée de transformer l’A-MCA en véritable agence gouvernementale, « capable de piloter la réflexion sur les enjeux des médecines complémentaires et alternatives, de lutter contre les dérives thérapeutiques et de favoriser la mobilisation des pratiques reconnues au service de la prévention, de la santé et de la qualité de vie des citoyens ».
Selon les contributeurs, « la création de cette agence serait un acte fondateur pour inventer la médecine de demain ». Le temps presse : fin février, la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) constatait une « prolifération des signalements dans le domaine de la santé et du bien-être ».
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