LA PRÉSIDENCE du Sénat a organisé jeudi dernier un colloque sur la ruralité intitulé « Pour en finir avec les clichés ». Les intervenants, fonctionnaires ou élus territoriaux, responsables associatifs ou médecins, ont mis l’accent sur la volonté des acteurs ruraux de prendre en main leur destin pour pallier les effets de la désertification, avec une attention toute particulière portée aux questions de santé.
Anne-Marie Charvet tout d’abord, préfet de l’Aude, a souligné l’« ardente obligation d’équiper les territoires ruraux en services », au premier rang desquels elle a cité la santé. « Il y a un déficit croissant de l’offre médicale et des équipements médicaux en zones rurales », a-t-elle souligné, prophétisant que « même si les choses bougent et vont dans le bon sens, les ARS [agences régionales de santé] ne pourront pas tout résoudre ». Thierry Damien, président de la Fédération nationale des familles rurales, a de son côté plaidé pour que les ruraux puissent disposer d’un médecin « à moins de 20 minutes de leur domicile », et pour le développement de l’ADSL et du portable dans ces mêmes zones. Pour pallier le manque d’infrastructures en zones rurales, sa fédération procède à des expérimentations, comme celle baptisée « les voisineurs » : des bénévoles rendent visite à des personnes âgées seules ou isolées, afin de favoriser leur maintien à domicile.
La parole est ensuite donnée à Chantal Eymeoud, conseillère régionale et maire d’Embrun en PACA. La conférence sanitaire de territoire pour les Hautes-Alpes qu’elle préside a mis en place en 2008 une fédération des Urgences avec mutualisation de l’ensemble des médecins urgentistes qui tournent désormais entre les trois hôpitaux du département. « Ça a permis de maintenir un accueil des urgences dans les trois centres hospitaliers du département, indique-t-elle. Sans cette mutualisation, le centre hospitalier d’Embrun n’aurait plus assuré les urgences ».
Côté médecins, Gérald Galliot, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) en Eure-et-Loir, a rappelé que le médecin de demain « qui sera une femme le plus souvent », aura des difficultés à s’installer en zone rurale du fait de l’emploi de son mari et des enfants qu’il faudra scolariser dans de bonnes conditions. Autre problème auquel se heurte la démographie médicale selon lui : « la méconnaissance de la médecine libérale dont souffrent les étudiants, car on ne la leur enseigne pas ». Enfin, le Dr Pierre de Haas, président de la Fédération française des maisons et pôles de santé (FFMPS) a souligné avoir recensé « plusieurs centaines de projets de MSP » sur le territoire français. Mais Pierre de Haas met en garde à la fois contre la tentation de certains élus de créer des MSP sans avoir travaillé en amont avec les médecins, faisant de ces maisons « des coquilles vides », et contre l’enthousiasme de certains médecins promoteurs « qui vont trop vite et se fâchent avec les élus ». « Nous avons besoin les uns des autres », a-t-il rappelé.
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