Menace du variant Delta : le Royaume-Uni met sur pause le déconfinement, Véran appelle à maintenir « une vigilance collective »

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Publié le 15/06/2021

Crédit photo : PHANIE

Face à l'inquiétante poussée du variant Delta, le Premier ministre Boris Johnson s'est résolu le 14 juin à repousser de quatre semaines la levée des dernières restrictions anti-Covid en Angleterre, espérant contenir le virus grâce à la vaccination.

Après un long confinement et une campagne de vaccination très efficace, le pays d'Europe le plus endeuillé par la pandémie (près de 128 000 morts) s'apprêtait pourtant à franchir la dernière étape du déconfinement.

Mais la brusque dégradation observée ces dernières semaines en a décidé autrement : les contaminations sont passées de 2 000 à 7 000 par jour et les hospitalisations commencent à leur tour à augmenter, même si le nombre de décès par jour reste inférieur à 10. Cette tendance est attribuée au variant Delta initialement détecté en Inde, représentant désormais 96 % des nouveaux cas dans le pays.

Une dose pour tous, deux pour les deux tiers des adultes

Il faudra attendre le 19 juillet pour la fin de la limitation à six des réunions en intérieur, l'autorisation pour les pubs de servir au bar et pour les salles de spectacles d'ouvrir à pleine capacité. « Nous ne pouvons pas continuer (...) alors qu'il existe une réelle possibilité que le virus surpasse les vaccins et que des milliers de décès supplémentaires s'ensuivent », a plaidé Boris Johnson. L'objectif est désormais de proposer d'ici au 19 juillet une première dose à tous les adultes et deux doses à deux tiers des adultes, dont tous les plus de 50 ans et vulnérables. Actuellement, près de 80 % des adultes ont reçu une dose mais seulement 57 % deux doses.

Selon les études menées par les autorités sanitaires britanniques, les vaccins sont moins efficaces contre les formes symptomatiques du variant Delta que contre celles des autres variants avec une seule dose, mais deux doses des vaccins Pfizer ou AstraZeneca sont efficaces à plus de 90 % contre les hospitalisations.

Le report annoncé lundi est très populaire au sein du public, inquiet de voir la situation se dégrader, selon un sondage de l'institut YouGov (71 % des personnes interrogées favorables). Mais il provoque la furie d'une partie du camp conservateur de M. Johnson, remonté contre les atteintes interminables aux libertés et la consternation dans les milieux économiques et culturels concernés.

Tirer les leçons pour la France

En France, l'ombre du variant Delta est certes moins menaçante, mais bien réelle et incite les pouvoirs publics à la vigilance. « Actuellement en France, 2 à 4 % des tests positifs que nous criblons correspondent à du variant indien, ce qui représente quand même, je donne une fourchette assez large, de l'ordre de 50 à 150 nouveaux diagnostics de variant Delta dans notre pays », a déclaré Olivier Véran ce 15 juin lors d'un déplacement dans un centre de vaccination à Paris.

« C'est peut-être encore peu, mais c'était la situation anglaise il y a quelques semaines », a-t-il ajouté, rappelant que l'épidémie outre-Manche est repartie « sur une trajectoire ascendante », avec « quasiment deux fois plus de cas quotidiens » que dans l'Hexagone, malgré « un taux de couverture vaccinale supérieur au nôtre ».

Raison de plus pour « ne pas relâcher notre vigilance collective », a-t-il insisté. « Ce n'est certainement pas le moment », car « nous ne devons certainement pas donner de prise au variant indien pour qu'il fasse repartir une nouvelle vague épidémique, nous devons absolument l'empêcher ».

Dr I.D. avec AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr