« Ce ne sont pas les médias qui décident de lancer tel ou tel nouveau régime ou d’abandonner ceux qui seraient devenus obsolètes. Ceux-ci ne sont que le reflet de la société actuelle, ils perçoivent l’ambiance générale et la retranscrivent ». Tel est le point de vue du Dr Pascale Modaï, médecin nutritionniste à Paris et rédactrice en chef de la revue Réalités en nutrition et en diabétologie. La médecine de l’obésité a ses limites, ce qui laisse de l’espace aux charlatans. « Nous n’avons pas trouvé de traitement qui garantisse la guérison des patients en surpoids ou obèses. Et nous ne sommes pas toujours capables d’aider nos patients de façon efficace. C’est cela, notamment, qui ouvre la voie auxgouroustentés d’arnaquer les personnes qui souhaitent perdre du poids en leur promettant des régimes illusoires », poursuit-elle.
Néanmoins, une chose est sûre : les régimes et les silhouettes ultra-minces - voire maigres - des femmes présentées en couverture des magazines satisfont des objectifs commerciaux. « J’ai été interrogée à de multiples reprises par des journalistes de la presse féminine. Certaines m’ont avoué qu’elles trouvaient les régimes souvent inutiles mais qu’elles étaient obligées d’en parler car c’est un sujet qui fait vendre », confie Pascale Modaï.
Pour François Guillon, professeur à l’Institut Polytechnique LaSalle Beauvais, les régimes sont un vrai business, alimenté par les médias. « La plupart des régimes ne rendent pas service - au sens sociétal du terme - puisqu’ils échouent. Et les personnes qui traitent de ce sujet participent, à travers leurs honoraires ou chiffre d’affaires, au business des régimes. Il s’agit non seulement des médias, mais aussi des professionnels de santé, des laboratoires pharmaceutiques, de l’industrie agroalimentaire, des agences de conseils spécialisés en nutrition… ».
Les objectifs de vente auxquels sont tenus les différentes revues françaises viennent parfois entraver le travail des journalistes les plus consciencieux. « Il m’est arrivé de travailler avec des rédacteurs dont les articles publiés étaient sérieux et bien documentés. Mais lorsque le magazine est paru, je me suis rendue compte que le titre qui était en couverture ne reflétait pas du tout le contenu de leur papier. Il était pourvoyeur de fausses promesses aux lecteurs. Les titres racoleurs sur les régimes miracles font vendre mais ce sont de véritables leurres. Le lecteur se sent arnaqué en lisant un papier qui ne répond pas aux promesses utopiques du titre en question », note Corinne Pollier, directrice générale de Weight Watchers France.
Audrey Aveaux (nutritionniste, directrice du cabinet de conseil Nutritionnellement et auteure d’ouvrages et d’articles traitant de nutrition) partage ce point de vue : « À mon sens, beaucoup de journalistes ont le souci de rendre service à leurs lecteurs en délivrant des informations tempérées, utiles et objectives en matière de nutrition et d’amincissement. Mais cela n’empêche pas leur magazine de publier, parfois, des pages de publicité vantant les mérites de tels ou tels régimes utopiques. Au sein du même numéro, une page de publicité vient, alors, contredire le papier du journaliste. Ainsi, il y a parfois quelques dérives et paradoxes lorsque les médias traitent de régimes ».
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