CHAQUE ANNÉE, résume Xavier Thierry, environ 6 % des personnes de 65 ans ou plus se blessent accidentellement à leur domicile ou lors d’un déplacement à l’extérieur, contre 15 % des enfants qui sont victimes d’un accident de la vie courante. Trois fois sur quatre, il s’agit d’une chute (dans 15 % des cas sur la voie publique), beaucoup plus rarement liée à à la nature des activités que chez les jeunes, dont les accidents surviennent souvent lorsqu’ils font du sport (lire ci-dessus) ou lors d’un déplacement professionnel. Ils tiennent davantage aux déficiences ou pathologies liées au vieillissement, à des facteurs extérieurs (logement inadapté, isolement) ou, parfois, à des conduites à risques (sédentarité, dénutrition, consommation de médicaments ou d’alcool).
Moins fréquents, ces accidents sont plus graves : deux fois sur trois, ils nécessitent un suivi médical ou une hospitalisation et près de 5 % des personnes âgées hospitalisées décèdent des suites de l’accident. Autre particularité facilement explicable : dans les accidents de la route, la proportion des accidents de piéton est plus importante: 38 %, contre 12 % avant 65 ans. Dans 33 % des cas, la personne accidentée conduisait le véhicule. Les conducteurs âgés sont plus grièvement blessés : au-delà de 75 ans, 8 % des conducteurs accidentés présentent des blessures sérieuses, voire très sérieuses (contre 3 % pour les 25-34 ans) et 13 % ne survivent pas à l’accident (5 %).
Moins d’agressions et de suicides.
Le bilan de l’INED porte sur toutes les violences corporelles subies par les personnes âgées. Xavier Thierry tente donc, en dépit du manque de données, de savoir si les personnes âgées, ainsi qu’elles le craignent souvent, sont fréquemment agressées. Selon les enquêtes de victimation, dans lesquelles sont déclarées les agressions subies au cours des deux années précédentes, après 60 ans, le taux serait proche de 1 %, soit inférieur à celui des autres tranches d’âge (3,2 % en moyenne entre 14 et 75 ans). Mais les enquêtes englobent des atteintes corporelles de faible gravité et, note l’auteur, n’appréhendent pas les actes de maltraitance dans les établissements hébergeant des personnes âgées.
Quant au suicide, il touche aussi moins les personnes âgées : le risque suicidaire (tentative au cours du mois écoulé ou, pour ceux qui ont déjà fait une tentative, envie de se tuer au cours de ce même mois) est évalué à 1 % des 60-74 ans contre 2,8 % des 18-29 ans ; et moins d’une personne sur mille a été hospitalisée en 2005 pour cette raison, trois fois moins qu’avant 45 ans.
Si les risques d’accidents corporels ou d’agressions sont donc inférieurs à ceux d’autres tranches d’âge, le nombre de personnes touchées risque d’augmenter avec le vieillissement de la population mais aussi l’autonomie croissante des personnes âgées, le plus grand nombre de femmes sachant conduire et la plus grande propension au suicide des générations du baby-boom – toujours prompts à se distinguer.
Une incitation à développer la prévention. D’autant que la France détient un record européen en ce qui concerne la mortalité violente chez les personnes âgées : le taux dépasse de près de 50 % le taux moyen observé dans les autres pays. En 2005, il était de 5 %, contre 2,9 % dans l’Europe des Quinze.
« Population & Sociétés », n)468, JUIN 2010, www.ined.fr.
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