Le Quotidien du Médecin- Pêches maritimes, aquaculture et transformation des produits de la mer sont des secteurs essentiels dans la vie et l’alimentation des Français. Aujourd’hui, quels sont les principaux défis à relever pour le développement d’une pêche et d’une aquaculture durables ?
Alain Biseau- L’augmentation de la demande et la libéralisation du commerce international entraînent une pression accrue sur les ressources et nécessitent le renforcement des mesures de conservation et de régulation de l’accès aux ressources halieutiques. De nombreuses initiatives sont prises en France et au sein de l’Europe pour permettre de prélever un maximum de poissons tout en assurant le renouvellement des espèces : contingentement des captures et/ou de l’effort de pêche, respect des cycles biologiques des espèces, protection d’habitats sensibles, adaptation des pratiques ou des engins de pêche, de la taille des filets
L’enjeu est donc la viabilité des pêches. Cet enjeu fonde une orientation stratégique de long terme qui, dans l’Union européenne, est celle de la Politique Commune de la Pêche (PCP). Quel est l’objectif de cette dernière ?
La PCP vise à concilier durablement la conservation des ressources et des écosystèmes avec l’efficience économique et sociale : c’est l’objectif d’une exploitation maximale durable (RMD). Pour cela, elle fixe notamment les quotas de pêche : quantité (par espèce) que chaque pays peut pêcher dans une zone particulière. Ainsi, une grande partie des espèces exploitées dans les eaux métropolitaines sont gérées par des quotas européens, exceptés les grands poissons pélagiques (comme le thon) dont les quotas de pêche sont établis par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (ICCAT).
Quelles sont les propositions européennes pour la prochaine PCP ?
En plus de l’objectif RMD, la Commission européenne a proposé la mise en place de quotas de pêche individuels transférables. Chaque navire se voit attribuer un quota en fonction de ses antériorités et dans la limite du quota national, la transférabilité permettant au pêcheur d’acheter ou de vendre du quota en fonction de son activité : un pêcheur breton, par exemple, pourrait donc racheter un quota d’une espèce donnée à un pêcheur de Normandie. Plus qu’une simple mesure de régulation des ressources, cela a pour objectif d’améliorer l’efficacité économique du secteur mais comporte des risques de concentration des quotas par des agents économiques puissants et donc de déstructuration du tissu économique local.
Autre grand objectif de la PCP: le « zéro rejet ». Aujourd’hui, les pêcheurs débarquent les poissons qui les intéressent et remettent à l’eau les autres (trop petits, pas vendables…). La Commission européenne considère cet acte (le rejet) comme du gaspillage. Selon elle, il faudrait ramener tous les poissons capturés à terre (zéro rejet) pour les valoriser, par exemple, en les transformant en farine permettant de nourrir les poissons d’élevage. À l’IFREMER, nous pensons – au contraire – qu’il faudrait améliorer les techniques de pêche pour éviter de capturer des poissons sans intérêt pour la consommation humaine. L’objectif ne devrait donc pas être le « zéro rejet » mais le « zéro capture des poissons non désirés », car du point de vue de la ressource, un poisson rejeté mort ou débarqué reste un poisson mort. Si on veut améliorer les ressources, il faut donc tout faire pour éviter de les capturer. Des discussions sont toujours en cours autour de ces sujets et la reforme devrait être adoptée (en codécision) d’ici à la fin de l’année.
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