7 milliards fin octobre 2011, 8 milliards fin 2025 : jusqu’où peut croître l’humanité, qui a déjà été multipliée par 7 ces 2 derniers siècles ? Doit-on craindre la surpopulation ? Le scénario privilégié des Nations Unies table sur 10 milliards d’humains à la fin du XXIe siècle, entre des projections à la baisse (qui aboutissent à un chiffre de 6 milliards) et d’autres à la hausse (16 milliards). Si nous ne pouvons élaborer avec certitude un modèle pour prévoir au-delà des 50 prochaines années, cette hypothèse moyenne est la plus fiable selon Gilles Pison, de l’INED : « l’humanité n’échappera pas à un surcroît de 1 à 4 milliards d’habitants d’ici un siècle, mais elle ne devrait alors plus guère augmenter ». Un phénomène qui s’explique par l’achèvement de la transition démographique dans de nombreux pays, et l’exception de l’Afrique, qui poursuit son essor.
Pour bien comprendre la courbe en cloche qui s’annonce le siècle prochain, il faut en effet se pencher sur la transition démographique, responsable de l’explosion de la population ces 2 derniers siècles. L’équilibre entre naissances et décès s’est rompu aux alentours de 1800 dans le monde occidental : l’essor économique, les progrès de l’hygiène et de la médecine et la disparition des épidémies sont autant de facteurs qui ont contribué à la baisse de la mortalité infantile. La durée de vie moyenne qui oscillait entre 20 et 25 ans s’élève. « Les familles étant toujours aussi nombreuses, les naissances excèdent dorénavant les décès et la population s’accroît », explique Gilles Pison. Cette dynamique ne s’est pas non plus affaiblie lorsque les femmes ont volontairement diminué leur progéniture au XIXe siècle car la mortalité ne cesse de baisser. La croissance s’est ensuite progressivement ralentie lorsque le nombre de décès s’est stabilisé pour rejoindre celui des naissances.
Après l’Occident, les autres régions du monde connaîtront aussi cette phase de transition démographique, ce qui permet d’alimenter la croissance mondiale et même de l’accélérer le siècle dernier. Elle était à son maximum (plus de 2 % par an) il y a 50 ans. « Cela correspond à une période où la fécondité était encore élevée dans tous les pays du Sud, les femmes y mettant au monde entre 5 et 7 enfants en moyenne chacune. Ces pays avaient vu leur mortalité baisser depuis quelques années en raison des avancées de l’hygiène et de la médecine et des progrès socio-économiques », analyse le chercheur de l’INED.
Exception africaine.
Mais depuis 1970, la croissance démographique ralentit, atteignant 1,1 % en 2010, soit moitié moins qu’il y a 50 ans. La cause ? La chute rapide et surprenante de la fécondité en Asie et en Amérique latine, dans les années 1960 et 1970. « Un des résultats est qu’en 2010, la fécondité mondiale n’est plus que de 2,5 enfants en moyenne par femme, soit 2 fois moins qu’en 1950 », souligne Gilles Pison. Et le seuil de remplacement de 2,1 enfants par femme est rarement atteint, même dans certains pays du Sud comme la Tunisie (2), le Brésil (1,8), ou l’Iran (1,7).
Ne reste donc que l’Afrique pour tirer la croissance démographique mondiale au-delà des 50 prochaines années. Malgré le Sida, ce continent connaîtra « un formidable accroissement », selon les termes du chercheur. Sa population devrait passer de 800 millions d’habitants en 2000 à 3,6 milliards en 2100. Un homme sur 4 en 2050, voire 1 sur 3 en 2100 sera Africain contre 1 sur 7 aujourd’hui. La lenteur de la baisse de la fécondité, incomparable par rapport à celle observée en Asie et en Amérique latine dans les années 1970, s’explique non par un refus de la contraception, mais pas le manque de moyens pour y arriver et l’absence de motivation des responsables et autorités, précise l’INED.
L’humanité devrait ainsi gagner ses 1 à 4 derniers milliards d’habitants d’ici un siècle. Mais pas plus. Pour Gilles Pison, elle ne pas périra pas de surpopulation. En revanche, elle aurait tout intérêt à se soucier de son mode de vie et s’engager sur un chemin plus soucieux de l’environnement et économe de ses ressources.
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