Il ne s'agit pas d'un scandale de la République. Comme prévu, Richard Ferrand a été élu à la présidence de l'Assemblée nationale, en remplacement de François de Rugy, nommé ministre de la Transition écologique. M. Ferrand n'a jamais caché son ambition d'occuper le « perchoir ». Quand, l'an dernier, M. de Rugy a été élu, il a promis d'abandonner son poste en faveur de M. Ferrand au terme de la moitié du mandat, comme si la fonction appartenait aux deux hommes et ne dépendait pas du vote des députés. En tout cas, il y avait quatre candidats au perchoir, mais lundi à Tours, la majorité d'En marche a voté à 64 % en faveur de M. Ferrand. Parmi les trois autres candidats, Barbara Pompili, ancienne secrétaire d'Etat à l'Ecologie, ancienne EELV ralliée à la REM, a obtenu 29 % des voix.
Elle s'est empressée de dire que le scrutin avait été des plus honnêtes, qu'elle n'avait subi aucune pression (encore heureux). Mais on peut dire aussi qu'il a suffi à M. Ferrand de vouloir le job pour l'obtenir et qu'il l'a obtenu parce que le président souhaitait qu'il en fût ainsi. Cela se passait de cette manière dans l'ancien monde, et le nouveau n'a pas vraiment fait ses preuves. Une affaire cousue de fil blanc, alors que l'élection de Mme Pompili aurait été celle d'une femme à la tête de l'Assemblée.
De la même façon, l'écrivain Philippe Besson, auteur d'une hagiographie de M. Macron, a été nommé consul général à Los Angelès, alors que les diplomates de carrière parviennent rarement à décrocher un poste aux Etats-Unis. De même que Roxanna Maracineanu, nouvelle ministre des Sports, a appris que Bercy, sans l'avertir, supprimait un tiers des crédits octroyés à ceux qui forment nos nouveaux athlètes.
Bien sûr, il y a toujours une bonne explication à l'application de ces méthodes, qui ne sont jamais dictées que par ce que l'on appelle la nécessité, mais c'est le président de la République qui nous a promis un monde nouveau, lequel ressemble, à s'y méprendre, à l'ancien. En outre, que M. Ferrand ou M. Besson accèdent à des fonctions qu'ils désiraient par tous leurs pores, n'est pas aussi grave que la hausse de la CSG ou la réduction des APL, ou une réforme des retraites qui se traduirait par une perte de pouvoir d'achat pour les pensionnés. Mais au moins y a-t-il dans certaines mesures la nécessité de réduire la dépense publique. Dans la distribution des fonctions de la République, on perçoit une forme de laxisme qui érode sensiblement l'autorité du président.
La loyauté ne doit pas être récompensée.
Car, comme on l'a vu avec l'affaire Benalla, les acteurs de l'affaire n'ont pas tous adopté une conduite irréprochable. M. Macron refusant de prendre des décisions sous l'effet de la contrainte, quelques-uns de ses ministres n'ont pas été concernés par le remaniement, comme ils auraient dû l'être. Ce qui veut dire qu'il vaut mieux avoir des relations étroites avec le prince, l'avoir aidé à ses débuts, s'inscrire dans la naissance d'un mouvement triomphant, que répondre de ses actes, une fois que l'on est soi-même mis en difficulté.
C'est l"opinion qui jugera, mais le chef de l'Etat doit veiller attentivement à ce qui se passe à l'Elysée et dans son gouvernement. Nul doute qu'il s'efforce aujourd'hui de remettre de l'ordre dans ses affaires et qu'il saura écarter désormais les incidents de parcours. Il serait mieux armé, toutefois, s'il faisait du rejet de la complaisance l'alpha et l'omega de son action politique. Certes, les oppositions ne lui font pas de cadeaux, elles sont agressives et combatives, et lui-même ne peut se défendre contre elles que s'il est entouré de personnages d'une loyauté indiscutable. Pourtant, rien n'interdit au président de faire valoir que la loyauté est d'autant plus admirable qu'elle n'est pas récompensée.
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