« Aucun bébé ne doit naître pré-pollué », clame le Réseau environnement santé (RES). « Les bébés naissent aujourd’hui avec plusieurs dizaines de substances chimiques toxiques dans l’organisme », dont un grand nombre de perturbateurs endocriniens, souligne l’association dans une pétition paraphée par plus de 7 800 personnes. Le RES y exhorte les candidats à la présidentielle à s’engager fermement sur la promulgation d’une « grande loi de Santé environnementale » et l’organisation d’un « Grenelle de la santé environnementale ».
Le RES a par ailleurs formulé « 16 mesures structurantes » dans ce domaine. Son président, André Cicolella appelle d’abord « à repenser les frontières institutionnelles », en élargissant notamment le périmètre du ministère de l’Ecologie au niveau de l’alimentation. Alors que 80 % de l’exposition aux perturbateurs endocriniens sont d’origine alimentaire, ce ministère « n’a pas tous les outils » pour agir, considère le toxicologue. Le RES prône aussi la création de plusieurs organismes dont un « institut de veille environnementale », un « institut français de recherche en environnement en santé » ou des « agences régionales de santé environnementale ». À l’échelle internationale, le RES souhaiterait voir la France agir en faveur d’une « organisation mondiale de l’environnement » et d’un « GIEC de la santé environnementale ».
Formation des médecins
L’association n’oublie pas les praticiens en appelant à « développer la médecine environnementale », avec des structures dédiées à l’hôpital et à la Haute Autorité de santé (HAS). « On ne peut pas concevoir que les professionnels de santé n’aient pas de formation en santé environnementale », déclare André Cicolella qui insiste par ailleurs sur l’importance d’une réforme de la PMI autour d’un objectif de santé environnementale. « En faisant ces seize propositions, nous n’avons pas la prétention d’avoir réponse à tout et raison sur tout », confie le président du RES qui souhaite ici « lancer un débat autour de la santé environnementale » durant la campagne présidentielle.
Quelques candidats ont d’ores et déjà répondu à l’invitation. Représentant Emmanuel Macron, l’ancienne ministre de l’Écologie Corinne Lepage rappelle que le candidat entend dans son programme placer la France « à la tête du combat contre les perturbateurs endocriniens et les pesticides », en avançant au niveau de l’interdiction des produits les plus dangereux et sur la refonte du système d’évaluation des substances toxiques.
Pas d’examen pour Fillon
Rejoignant le RES concernant la réforme de la PMI ou d’une hausse des crédits alloués à la recherche en santé environnementale, Corinne Lepage est plus prudente à propos de l’élargissement du périmètre du ministère de l’Ecologie. Une question qui n’est « pas encore tranchée », précise-t-elle. La lutte contre les perturbateurs endocriniens, Benoît Hamon l’a déjà mise en avant à maintes reprises au cours de sa campagne, note son porte-parole Julien Dourgnon, ex-directeur des études de l’UFC-« Que Choisir ». « On peut faire des réformes institutionnelles mais la première preuve d’amour, c’est l’interdiction des substances en fonction de leur dangerosité », a-t-il martelé. Présent également lors de la conférence du RES, un porte-parole de Jean-Luc Mélenchon qui s’engage entre autres à « élaborer un plan de santé environnementale ». André Cicolella a enfin évoqué le cas de François Fillon dont l’équipe de campagne n’a pas jugé utile de participer au débat. Guère étonnant de la part d’un candidat qui souhaite remettre en question le principe de précaution, glisse le président du RES.
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