Marisol Touraine s’est prononcée en faveur d’un grand débat sur la procréation médicalement assistée (PMA), lors d’une intervention sur le plateau de Canal + dimanche 13 janvier. Elle s’est défendue de tout recul, après la décision du groupe socialiste de l’Assemblée nationale de renoncer à déposer un amendement en ce sens lors de l’examen du projet de loi sur le mariage pour tous.
« On ne peut pas considérer que (le texte) qui va être débattu serait moins considérable qu’annoncé parce que l’amendement n’a pas été retenu (...). La PMA appelle un débat, nous avons besoin de réfléchir à certaines implications pour l’ensemble des couples concernés », a déclaré la ministre des Affaires sociales et de la Santé.
Implications bioéthiques
Marisol Touraine a souligné que des progrès restaient à faire sur sa mise en œuvre, en précisant : « Nous allons réfléchir à tout cela, nous donner le temps de préparer correctement une loi qui a des implications bioéthiques ».
Dans une tribune publiée dans le Monde de Samedi, le Pr René Frydman, chef du service de gynécologie-obstétrique et médecine de la reproduction à l’hôpital Antoine Béclère (Clamart), argumente en faveur d’un plan pour la PMA. À l’occasion du débat sur le mariage pour tous, il met en lumière les difficultés (il parle d’« incohérences et insuffisances ») que rencontre cette pratique en France.
Les couples y ont de plus en plus recours, avec 70 000 tentatives par an. Mais seule une femme sur 5 mène à terme sa grossesse après avoir bénéficié d’un prélèvement d’ovocytes en vue d’une PMA. Et 8 000 femmes, qui en ont les moyens, passent les frontières pour bénéficier d’un don d’ovocyte.
Le Pr Frydman demande donc un plus grand investissement (humain et matériel) dans le domaine de la biologie de la reproduction et un véritable développement de la connaissance, qui doit passer, selon lui, par l’autorisation de la recherche sur l’embryon.
Plaidoyer pour un plan
Le gynécologue soulève également la question de la congélation d’ovule. « Pourquoi ne pas dépister le statut de fertilité lié à l’âge ? », s’interroge-t-il. En cas d’un constat d’infertilité progressive, les femmes pourraient changer leur projet de vie ou conserver leurs ovules, si elles ne peuvent avoir un enfant avant 35 ans.
René Frydman demande enfin si, en cas d’une ouverture de la PMA aux femmes célibataires ou aux homosexuelles en couple, l’anonymat du donneur reste tenable. « Dans le cas d’un don de sperme anonyme à un couple de femmes, ne serait-il pas souhaitable que l’enfant puisse avoir accès à ses origines et que celles-ci ne lui soient pas gommées puisqu’il n’aura pas d’autres référents masculins tout en sachant qu’il est issu de la rencontre d’un spermatozoïde et d’un ovule », explique-t-il.
« Un plan sur la péri-conceptologie sous tous ses aspects (information, prévention, excellence, recherche) (...) devrait permettre à notre société de s’adapter à son évolution et au développement de la recherche scientifique, dans un cadre éthique qui garderait comme principe fondamental la non-commercialisation du corps », conclut-il. La ministre de la Santé semble avoir reçu le message.
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