DEPUIS 2010, l’AFRAVIH présidé par le Pr Christine Katlama (Hôpital Pitié Salpêtrière) est l’organisateur de la Conférence francophone VIH/sida dont les précédentes éditions se sont tenues à Montréal (2001), Lyon (2003), Bruxelles (2005), Paris (2007) et Casablanca en 2010. « Désormais, la règle est une fois le Nord, une fois au Sud », explique le Pr Katlama. Selon l’OIF (Organisation Internationale de la francophonie), l’espace francophone couvre aujourd’hui près de 75 états et gouvernements. Par ailleurs on estime que 4 millions de personnes infectées par le VIH y vivent. Face aux grands congrès internationaux anglo-saxons, le Pr Katlama entend défendre une approche Nord/Sud qui permettent « de vrais échanges d’expérience » entre partenaires en s’affranchissant de la barrière de la langue. « Il est de notre responsabilité en tant que pays le plus peuplé de la francophonie de développer ce type d’échange, de faire entendre une voix différente », poursuit-elle.
En effet, 30 ans après la découverte du virus du sida, 34 millions de personnes vivent encore avec le VIH et 2,6 millions de nouvelles infections se produisent encore chaque année. « C’est inacceptable », insiste le Pr Kathlama. D’autant plus que « dans certains pays, la lutte contre le VIH régresse comme au Cameroun ou au Mali et dans l’indifférence générale », poursuit-elle. « La recherche c’est bien mais si on n’arrive pas à tester les personnes séropositives », tous les progrès en matière d’accès aux traitements et aux programmes de prévention sont vains.
Le Congrès de Genève où sont attendues plus de 1 500 personnes dont 200 bourses allouées à des chercheurs du Sud (500 autres ont dû renoncer faute de financements malgré un coût 2 fois moins élevé que pour un congrès classique) va être l’occasion de débattre de tous ces aspects à la fois médicaux, sociétaux, politiques et économiques.
Financements en baisse.
Dans un contexte économique difficile, la baisse des financements après une extraordinaire progression ces dix dernières années (15,3 milliards en 2010) est une menace. Les difficultés du Fonds mondial et la démission inattendue du Pr Michel Kazatchkine qui a officiellement quitté ses fonctions de directeur exécutif le 16 mars dernier, n’invitent pas à l’optimisme. L’ONUSIDA estime que 10 milliards supplémentaires auraient été nécessaires en 2011 pour répondre aux besoins. « Les conséquences de cette situation commencent à se traduire sur le terrain notamment dans plusieurs pays africains les plus touchés par le VIH qui dépendent à plus de 75 % de l’aide internationale », selon Jean-Paul Moatti, professeur d’économie à l’Université de la Méditerranée (Aix-Marseille II). En matière de VIH, l’équation est pourtant simple : « le retard pris ne peut être rattrapé, insiste Éric Fleutelot, directeur général adjoint international de Sidaction. Ceux qui sont morts l’année dernière ou qui sont entrain de mourir ne peuvent plus être aidés ».
Le choix de Genève pour cette sixième édition n’est pas fortuit : « Il a été fait il y a presque dix-huit mois parce que c’est là que se trouvent tous les grands acteurs et décideurs internationaux », souligne le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites (ANRS) partenaire du congrès. Genève c’est aussi la ville du Pr Bernard Hirschel, le premier à avoir attiré l’attention sur le rôle préventif des antirétroviraux. La prévention biomédicale sera aussi au cœur des débats tout comme les nouvelles approches préventives. De ce point de vue, le colloque ne sera pas « centré seulement sur le Sud mais sur la mondialisation des sujets au Nord et au Sud », souligne le Pr Gilles Brucker, professeur de santé publique à l’Université Paris Sud-CHU Bicêtre. Mais ajoute-t-il aucune amélioration satisfaisante et durables ne sera possible sans des acteurs et des opérateurs en nombre suffisants. Selon l’OMS, il manque 4 millions de professionnels de santé dans le monde dont plus d’un million en Afrique.
Le Pr Katlama le rappelle, l’heure est à « la mobilisation ». Elle espère que flotte sur ces 4 jours de congrès un vent de révolte et d’indignation.
Dans la cholécystite, la chirurgie reste préférable chez les sujets âgés
Escmid 2025: de nouvelles options dans l’arsenal contre la gonorrhée et le Staphylococcus aureus
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité