DE NOTRE CORRESPONDANTE
L’ÉCOLE de Salerne, en Italie du Sud, a reçu dès le IXe siècle des étudiants de toute l’Europe et du pourtour méditerranéen, avant de devenir, dans une période voisine de la chute de l’empire romain, une école médicale singulière. D’où le nom choisi pour les rencontres phares d’une démarche lancée il y a quelques mois par l’Assistance publique des Hôpitaux de Marseille (AP-HM) autour de santé et culture. Les Conversations de Salerne sont des rencontres publiques régulières à Marseille et dans les pays partenaires (Barcelone, Rabat, Tunis, Alexandrie, Alger, Beyrouth, Gênes), programmées jusqu’en 2016, visant à explorer les dimensions culturelles du soin et de la médecine. « Nous initions une réflexion commune pour savoir si l’on peut, au travers de ces rendez-vous réguliers, constituer une culture commune de la santé », explique Corinne Delanoe Vieux, chargée de projet à l’AP-HM.
La première de ces rencontres a eu lieu récemment à Marseille, sur le thème « L’humain à part – entière. Humanisation et médicalisation en Méditerranée ». Médecins, chercheurs et philosophes se sont donc réunis pour examiner si, au travers des conceptions successives de l’Homme dans les systèmes médicaux en Méditerranée, il est possible de répondre à la prise en compte de l’intégrité psychique, intellectuelle et culturelle du patient et comment les ressources de la création et de la culture peuvent contribuer à restituer au malade sa complétude et sa singularité.
Plusieurs éclairages ont été apportés. Outre un exposé sur la démarche holiste en France, plusieurs conférences ont redonné du sens à « humanisme et culture » (Pierre Le Coz) ou l’évolution de l’hôpital à travers les siècles pour le Pr Mohammed Rafik Khalil. Plus concrets furent les exposés de l’après-midi. Le Pr Abdenour Laraba, chef du service de pédiatrie, au CHU de Bab El Oued, à Alger, a décrit l’élargissement, dans son service, de l’environnement thérapeutique donné à l’enfant. Avec l’introduction de l’école dans le service par exemple. « Nous essayons de transformer et de faire évoluer les comportements forgés dans un discours médical strict, a-t-il indiqué. Comme avec la création d’une chorale enfants–parents et un espace d’activités. »
Artistes à l’hôpital.
Marcel Rufo a rebondi sans attendre sur cette intervention en évoquant une autre façon de « penser le soin à partir du moment où les enfants ne meurent plus. Je propose de leur dire : “J’accompagne ta guérison" plutôt que de continuer à parler de rémission. Et comment tranformer l’hôpital avec l’arrivée de ludothérapeutes ? » Selon lui, il faut désormais maintenir le lien du dedans-dehors dans l’hôpital futur. Et c’est ainsi qu’il a appelé de ses voeux la création d’un étage dédié aux soins culturels, la création d’un espace musical et d’une médiathèque dans son futur hôpital pour ados de Salvator.
Dans la foulée, plusieurs artistes sont venus témoigner de leur intervention au sein même de l’hôpital. À Avignon, l’HP de Montperrin abrite depuis plusieurs années une résidence chorégraphique à l’espace d’art contemporain 3bisF. Le chorégraphe Christophe Haleb a décrit des ateliers « autour de l’articulation entre individu et collectif dans un mouvement multidimensionnel ». Ensuite était invité un artiste plasticien suisse, Raoul Marek, qui a toujours eu comme objectif des installations interactives. Il a expliqué quelle était sa démarche quand il a créé le « projet cabas lune » pour rendre les objets des morts à leurs proches dans les chambres mortuaires. « Cet objet, avec sa dimension culturelle, s’adresse ainsi aux hôpitaux qui veulent participer au développement éthique de notre société » a-t-il conclu.
Les prochaines rencontres auront lieu les 26 et 27 novembre à Beyrouth.
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