La réaction du monde à la tuerie de Gaza ne s'est pas fait attendre. Elle ne vient pas d'un seul camp. Si le Koweit a demandé une réunion du Conseil de sécurité, Amnesty international a qualifié d'« abjecte » la violation des droits de l'homme par Israël. La plupart des pays européens ont demandé au gouvernement israélien de modérer sa répression des manifestations palestiniennes.
Trump présente sa décision relative à l'ambassade des Etats-Unis comme une promesse tenue. Il est vrai que les institutions israéliennes, gouvernement et Parlement, sont situées à Jérusalem depuis 1948 et que l'installation des ambassades étrangères à Tel Aviv reflète l'hypocrisie des pays qui, ayant reconnu Israël, ne lui ont pas accordé le droit de désigner Jérusalem comme sa capitale. Il est vrai aussi qu'elles ont de la sorte voulu respecter les décisions de l'ONU, mais celle-ci est complètement soumise au droit de veto détenu par les puissances qui ont gagné la guerre de 1939-45, dont la Chine et la Russie, et ce droit traduit les caprices de Pékin et Moscou plutôt que la réalité géopolitique. Nous sommes nombreux à avoir prévu néanmoins que le symbole du déplacement de l'ambassade américaine attiserait les tensions. Ce qui se passe à Gaza (aux nombreux tués s'ajoutent 2 400 blessés) est encore pire que ce que nous avions imaginé.
De toute évidence, Donald Trump et son partenaire israélien, le Premier ministre Benjamin Netanyahu, ne semblent nullement céder à la crainte d'embraser le Proche-Orient. M. Trump n'hésite pas à présenter son geste, si riche en effets néfastes, comme une manière d'avancer vers une solution négociée. Il s'est d'ailleurs gardé de dire que Jérusalem était « une et indivisible », comme le répétaient si souvent ses prédécesseurs. Ce qui laisse la porte ouverte à la création d'un Etat palestinien qui aurait pour capitale la partie orientale de Jérusalem. Cependant, pour le moment, il jette (en quantité) de l'huile sur le feu. Les Palestiniens, ou plus exactement le Hamas, ne parlent pas de négocier mais espèrent créer une tension telle que d'autres parties prenantes aux conflits du Proche-Orient, notamment la Russie, finiraient par intervenir sous une forme encore bien difficile à prévoir. Le « suicide » de Gaza est donc calculé pour damer un pion à Israël.
Le rendez-vous de novembre
A quoi il faut ajouter que l'apparent réalignement des partenariats (par exemple le soutien discret de l'Arabie saoudite et de l'Egypte à Israël), pourrait rapidement être balayé par une offensive diplomatique à laquelle participeraient l'Iran, la Turquie, la Russie, eux-mêmes auteurs de beaucoup de crimes, mais dont le sens moral est soudainement poussé à son paroxysme par les agissements de l'Etat juif. Israël peut toujours dire qu'il est obligé de contenir les masses populaires de Gaza qui menacent de se déverser sur son territoire, sa responsabilité reste entière dans le décompte, hélas croissant, des victimes.
Les Etats-Unis pouvaient donc faire l'économie d'une bien malencontreuse aggravation des tensions au Proche-Orient en s'abstenant de « tenir leur promesse » concernant le lieu géographique de leur ambassade en Israël. Non seulement Trump est obsédé par le désir de défaire tout ce qu'a fait son prédécesseur, et il y réussit fort bien, mais il a durci son action en changeant de conseillers. La présence à ses côtés de John Bolton, son nouveau conseiller à la sécurité nationale, un superfaucon qui a déjà servi dans l'administration américaine, et de Mike Pompeo, le secrétaire d'Etat qui vient de remplacer Rex Tillerson, beaucoup plus modéré, montre qu'il a déjà fait le choix de ne retenir que des points de vue situés à l'extrême droite ou dans les milieux évangélistes qui ont une vision messianique du rôle d'Israël. On ne fait pas une politique appuyée sur des croyances religieuses. Mais Trump songe surtout aux élections de mi-mandat en novembre prochain et il entend satisfaire son électorat.
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